ESTRAN EN CORPS
Gardées aux lèvres
quelques vagues de ta langue
me tiennent au coeur de tes yeux fermés…
Niala-Loisobleu – 27 Décembre 2016
Gardées aux lèvres
quelques vagues de ta langue
me tiennent au coeur de tes yeux fermés…
Niala-Loisobleu – 27 Décembre 2016
Je pense aux holothuries angoissantes qui souvent nous entouraient à l’approche de l’aube
quand tes pieds plus chauds que des nids
flambaient dans la nuit
d’une lumière bleue et pailletée
Je pense à ton corps faisant du lit le ciel et les montagnes suprêmes de la seule réalité
avec ses vallons et ses ombres
avec l’humidité et les marbres et l’eau noire reflétant toutes les étoiles
dans chaque œil
Ton sourire n’était-il pas le bois retentissant de mon enfance
n’étais-tu pas la source
la pierre pour des siècles choisie pour appuyer ma tête ?
Je pense ton visage
immobile braise d’où partent la voie lactée
et ce chagrin immense qui me rend plus fou qu’un lustre de toute beauté balancé dans la mer
Intraitable à ton souvenir la voix humaine m’est odieuse
toujours la rumeur végétale de tes mots m’isole dans la nuit totale
où tu brilles d’une noirceur plus noire que la nuit
Toute idée de noir est faible pour exprimer le long ululement du noir sur noir éclatant ardemment
Je n’oublierai pas
Mais qui parle d’oubli
dans la prison où ton absence me laisse
dans la solitude où ce poème m’abandonne
dans l’exil où chaque heure me trouve
Je ne me réveillerai plus
Je ne résisterai plus à l’assaut des grandes vagues
venant du paysage heureux que tu habites
Resté dehors sous le froid nocturne je me promène
sur cette planche haut placée d’où l’on tombe net
Raidi sous l’effroi de rêves successifs et agité dans le vent
d’années de songe
averti de ce qui finit par se trouver mort
au seuil des châteaux désertés
au lieu et à l’heure dits mais introuvables
aux plaines fertiles du paroxysme
et de l’unique but
ce nom naguère adoré
je mets toute mon adresse à l’épeler
suivant ses transformations hallucinatoires
Tantôt une épée traverse de part en part un fauve
ou bien une colombe ensanglantée tombe à mes pieds
devenus rocher de corail support d’épaves
d’oiseaux carnivores
Un cri répété dans chaque théâtre vide à l’heure du spectacle
inénarrable
Un fil d’eau dansant devant le rideau de velours rouge
aux flammes de la rampe
Disparus les bancs du parterre
j’amasse des trésors de bois mort et de feuilles vivaces en argent corrosif
On ne se contente plus d’applaudir on hurle
mille familles momifiées rendant ignoble le passage d’un écureuil
Cher décor où je voyais s’équilibrer une pluie fine se dirigeant rapide sur l’hermine
d’une pelisse abandonnée dans la chaleur d’un feu d’aube
voulant adresser ses doléances au roi
ainsi moi j’ouvre toute grande la fenêtre sur les nuages vides
réclamant aux ténèbres d’inonder ma face
d’en effacer l’encre indélébile
l’horreur du songe
à travers les cours abandonnées aux pâles végétations maniaques
Vainement je demande au feu la soif
vainement je blesse les murailles
au loin tombent les rideaux précaires de l’oubli
à bout de forces
devant le paysage tordu dans la tempête
1942
Cesar Moro (poète péruvien – 1903-1956)
Accrochés sur les lèvres de l’horizon
les pôles languent le vent
Où l’astre du jour va-t-il balancer sa marée ?
Des oiseaux marins tirent le chenal
des cartes à jouer
on entend le s’aime à fort émettre
Retenu par les palisses la canicule ne déborde plus
la dune ronronne en ondulant du do
Roulis
les mots bleus en guinguette
fleurissent à la crête des alizés
Niala-Loisobleu – 28 Août 2016
L’air sableux où filtrent mes rins
ravigote le cri des mouettes en spirale
Passé la ligne des pinèdes
juste au pied du s’aima fort
le sable moule en corps nos fesses
Amour qui pique des deux
Oyat, oyat
braves gens des fleurs mauves
bougent aux vents marins
la lune est plaine comme une mère
Niala-Loisobleu – 23/04/16
Le soleil de fin d’après-midi n’est plus que la caresse d’un regard
un regard libéré des chevaux de ronces
étirant son ombre au sein de la
Chambre des Noces
Les poils aux moiteurs sauvages
se font un autre luisant contre les senteurs de champignon
en déployant leur calotte humide que la nuit va coiffer de rosée
Passant la porte de l’écluse
le filet d’eau
va au devant du frisson blanc
de la robe de mariée
que le vent
remplit d’une charnelle existence
Les elfes ont tirés les instruments
hors de l’étui des kiosques à musique métropolitains
D’un coup de baguette magique
le Chef
a gommé la Cité
mains tenant
La Chambre des Noces
donne sur l’espace illimité
des cris
des soupirs
des râles
des frémissements
du claquement des draps
où les corps nus
n’en faisant plus qu’un
se déclament intérieurement
en une
M’AIME POESIE
sans rimes ni raisons
libre
de son unique désir de création
Loin du terme le chemin forestier conduit aux écuries
pour un parcours poétique à plusieurs voix…
Niala- Loisobleu
(Parcours Poétique 1 – Mosnac – 13 Septembre 2014)
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REFLETS D’ESTRANS 7/ MARINE
Claquement
à tension la toile se tend
J’entends craquer les coquilles au détartrage
quand monte le chevalet
ce sera sans erreur possible
un grand format
Marine
Niala-Loisobleu
4 Janvier 2016
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