
DESCENTE D’UNE ÎLE
Qui t’avait bâti des cils
l’imitation du bleu égyptien,
le concassé de verre du faîte des murs
où le pigment des romains du pousse en bas
qui mosaïque encore la fin de Carthage?
Ton regard réverbère
a flâné dans mes rues en dépliements limonaires,
cachés sous le masque de carton percé de notes foraines,
une odeur de cheval chaud entre les jambes
pour solde d’émotion
au rabat des paupières
Je nous revois debout au claquement tendu des voiles,
débordant le reflet de l’avant-dernière pyramide, cherchant le caillou,
pour passer entre les colonnes d’une palmeraie
suant des dattes échues au cadran solaire,
un cuir de crocodile en façade des dunes accroupies
pissant les cataractes au lac Nasser
Quelque tu soies à nu de la vérité dissimulée
je t’ai aspé par les traboules
en cavalcade de pieds nus pour taire le bruit des bottes.
Tu n’as pas connu Jean Moulin, pourquoi te dis-je ça?
Parce que je garde les purs
plus vivants que les momies d’une lettre d’amour papyrus,
que les hyéroglyphes d’une pierre muette on voulus encrer de soleil.
Copié-collé d’hier sur aujourd’hui
désordre
temps l’heur d’été en heurts divers
montre mol
un pied dans la mauvaise chaussure de l’horaire.
Je ne suis qu’un secret taire vénitien niellé de tiroirs pleins
qui cognent à la surface de l’ô pour prendre l’air
Une seconde, que j’m’y r’trouve, où tu m’as suis-je collé
dans ce mensonge prologue-épilogue,
dernière feuille tablant matière
à persister cette manière de débarquer
en main tenant une poire pour la soif
Mon sable crisse au rose des écailles que les ouïes ventilent au boulier
le caillou tient par le fil d’une semelle de vent en arrière-pensée
tes sarments de piquette d’amour
et mes pigments
ne sont que les plumes minérales accouchées sur la toile
que mes mots tissés au blanc de mes poils nus vêtent de leur corpus
Tout en un, répète mon pantalon blanc, en marchant dans la merde jusqu’au « je nous ».
Déjà dès quand j’avais été petit, j’ai goûté à l’abus de camarades profiteurs. Le petit enfant que je suis resté a continué à servir de casse-croûte aux barbares des deux sexes. Ils arrivent plein d’empathie, enfin reconnus te disent-ils, pour leurs vraies qualités, tu deviens leur homme, ils te le jurent, te voilà cet être merveilleux, pur et sans tâche qui a su reconnaître ce qu’ils se croient être. Le tricheur est tellement angélique que tu ne vois qu’après que c’est un parasite. Son habileté à se faire luire à partir de ce qu’il ne possède pas, fait l’admiration d’une cour ténébreuse dans laquelle il satisfait un boulimique et chronique instinct de mentir. Ils ont tous les costumes dans la penderie, tous les accessoires pour aborder n’importe quel rôle sur la grand-scène fabuleuse d’internet.
Le recul des côtes rapprochant du large, le sel se trouve donc pêchable dès le bord. Alors si t’y trempe le carrelet, tu peux remonter du crabe qu’en apercevant le danger de ses pinces. Suffit de se foutre ,à poil, il meurt sur le coup. Bien sûr la nature est marquée par cette pollution humaine. Impossible de l’éradiquer, les verts qui s’en flattent avec leur bio sont juste intéressés par le profit monétaire. Alors comment faire ? il reste assez de propreté chez l’Homme pour la donner en partage à ses enfants. Mon Louis vient de quitter le nid parental, il vole tout seul ce petit-fils à qui j’appris le Nil. Tout à l’heure il va venir chercher des peintures pour ses murs blancs. A voir comme il allume de bonheur de se savoir libre, je suis tranquille, la graine lève encore. Rien n’est foutu au coeur.
Niala-Loisobleu – 15 Mars 2017

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