MES EUPHEMISMES 31
L’heure dérangée se fit soudain reculer, tiens pourtant la saison en est passée. Il faut attendre pour être à l’heur exact qu’il avance.
Niala-Loisobleu – 10/11/18
L’heure dérangée se fit soudain reculer, tiens pourtant la saison en est passée. Il faut attendre pour être à l’heur exact qu’il avance.
Niala-Loisobleu – 10/11/18
Que tous ces regards que l’eau des caniveaux noie, prennent chacun l’instant d’arrêt nécessaire au retour sur soî-même. Pour entendre avec les yeux d’aujourd’hui, les mots qui, hier, ont mis au monde la réalité-vraie de son rêve. Au hasard des pages, ils retrouveront sans peine, ici et là, les traits précis de la condition souscrite. Se reconnaître dans son espace temps, sentir qu’aux rides des jours la profondeur du sillon a fait germer le grain sans qu’il pourrisse. En dépit des orages, de toutes les dépressions du terrain comme celles du ciel, chaque mur soudain érigé par le sort, du manque au premier degré qui tiraille l’épiderme d’un processus biologique auquel on ne peut se soustraire, cette absence physique bruyante qui dérange la raison du silence. Sans goût de chasteté, de réclusion, d’ermitage.
Ils sont toujours là les êtres qui n’ont toujours fait que se servir sans rien donner. Démons, d’une lutte récurrente. qui ont le don de l’importunité, toujours à revenir quand on croyait tout à plat. Non le rose n’est pas la bonne couleur des lunettes. Il n’y a qu’au travers du prisme, que l’on voit juste.
Deux choix s’offrent, laisser glisser, dériver selon, se laisser mener, préférer l’errance à toute forme de combat, au prix d’une souffrance masochiste, ou bien gravir la paroi la plus difficile qui conduit à son sommet spirituel. Gagner son Absolu.
Ce chemin là est dépourvu de plaisirs fugaces, de petites jouissances, ce n’est que de la grande bouffe, du vent, du moulin blablabla…Quel beau terrain pour que l’esprit de vengeance développe tous ses virus, il ne fait que rendre amour et haine suite logique de l’autre. La vie si elle se veut salope, méchante en la personne d’un ballet à chiottes qu’elle reste au fond de sa crasse. J’ai que du propre à donner.
Comment est-il possible d’aimer pareille infamie ?
Plafond percé d’une lucarne je suis lumière.
Les guerres ne m’ont pas amputé. De tout ce qui est amour tout demeure, la mort aussi atroce qu’elle ait pu être, en tous ses visages, ses situations, ses circonstances n’a fait que donner vie à mon espoir, par le combat maintenu de sa parole donnée.
Veux-tu voir
La forme obscure du soleil
Les contours de la vie
Ou bien te laisser éblouir
Par le feu qui mêle tout
Le flambeau passeur de pudeurs
En chair en or ce beau geste
L’erreur est aussi inconnue
Que les limites du printemps
La tentation est prodigieuse
Tout se touche tout te traverse
Ce ne fut d’abord qu’un tonnerre d’encens
Ce que tu aimes le plus
La louange belle à quatre
Belle nue immobile
Violon muet mais palpable
Je te parle de voir
Je te parlerai de tes yeux
Sois sans visage si tu veux
De leur couleur contre le gré
Des pierres lumineuses
Décolorées
Devant l’homme que tu conquiers
Son enthousiasme aveugle
Règne naïvement comme une source
Dans le désert
Entre les plages de la nuit et les vagues du jour
Entre la terre et l’eau
Nulle ride à combler
Nul chemin possible
Entre tes yeux et les images que j’y vois
Il y a tout ce que j’en pense
Moi-même indéracinable
Comme une plante qui s’amasse
Qui simule un rocher parmi d’autres rochers
Ce que je porte de certain
Toi tout entière
Tout ce que tu regardes
Tout
Ceci est un bateau
Qui va sur une rivière douce
II porte des femmes qui jouent
Et des graines qui patientent
Ceci est un cheval qui descend la colline
Ou bien une flamme qui s’élève
Un grand rire pieds nus dans une cour misérable
Un comble de l’automne des verdures amadouées
Un oiseau acharné à mettre des ailes à son nid
Un matin qui disperse des lampes de rosée
Pour éveiller les champs
Ceci est une ombrelle
Et ceci la toilette
D’une dentellière plus séduisante qu’un bouquet
Au son des cloches de l’arc-en-ciel
Ceci déjoue l’immensité
Ceci n’a jamais assez de place
La bienvenue est toujours ailleurs
Avec la foudre avec le flot
Qui s’accompagnent
De méduses et d’incendies
Complaisants à merveille
Ils détruisent l’échafaudage
Surmonté d’un triste drapeau de couleur
Une étoile limite
Dont les doigts sont paralysés
Je parle de te voir
Je te sais vivante
Tout existe tout est visible
Il n’y a pas une goutte de nuit dans tes yeux
Je vis dans une lumière exclusive la tienne.
Paul Eluard
Je veux tremper mes doigts dans ton corps pour tenir les pensées de ton âme, ta chair vibrante rouleaux de mer pendulant la lune en mouvements d’harmonie de ton derrière. La Beauté c’est un ensemble dépourvu de paroles dressé sur le piédestal du silence. Fumante de tous tes pores je me complais à paître aux herbes odorantes de tes prés, alpes-là, sans réintroduire l’ours aux cirques du bord des lacs. Tes points d’eau me retrouvent sans attendre que la nuit tombe. Faut dire que j’aime à te boire, embrassée.
Derrière la mauvaise langue du serpent qui ne se trouve que dans l’ombre, j’ouvre ma bouche à ton soleil. N’en déplaise au venin du puant reptile. Le chevalet dit ton nom à chaque mouvement de manivelle, on dirait un poème-peint de ta main.
Ô ma Muse, femme habitée d’une sensibilité colorée de pouls vif, ce que nous faisons ensemble acte d’âmes et de corps mêlés, grand-oeuvre poétique sans but de gloire, une seule voix commune, un seul émoi nourri de bleu…
Niala-Loisobleu – 2 Octobre 2018
La nuit s’est repris les matins. Quand j’ouvre mes volets je me demande si c’est pas l’heure de se coucher. Et pourtant j’entends pas loin de ma fenêtre la nature s’étirer. Encre de Chine et plume à dessein l’élan du trait vogue, vous n’imagineriez pas ce qui trotte dans la tête d’un cheval au réveil. Je profiterai du moment d’écrire. Il y a dans le geste fait bien des fleurs qui s’ouvrent sur ton corsage, la jupe laisse des plis plein la boîte à l’être. Laisse tes cheveux entrer dans la cabane abandonnée je viendrai les peigner en pensant à tous les rubans qui retenaient les boucles en sautant sur le chemin de l’école quand les filles étaient pas dans l’école des garçons. J’entends venir la fumée du premier train le long du chemin de traverse , dans le pré la vache lève la tête un grand sourire entre les cornes.
Niala-Loisobleu – 20/09/18
On
courait des journées entières dans les bois.
On enjambait la mer et le vent.
Comme fait
l’enfant
dont l’histoire est celle des plus vieilles pierres, le prince des chouettes qui, le soir venu,
range, dans son cartable, les chuintements de son peuple
et ses propres traces de pas.
On livrait des guerres sans merci
à des armées d’ombres dans les bois, dans les livres.
Nos prisonniers étaient jetés dans des cellules de feuillages ;
ils n’en sortiraient qu’à l’automne, dès l’annonce par les corbeaux
de l’arrivée massive des décombres.
Souvent, au temps
des brouissures, on était dehors avant que le jour ne soit sorti de sa chrysalide, et l’on se prenait les pieds dans le fil de soie de l’horizon.
Au-delà commençaient des pays de grottes, les territoires de chasse des orages, disait-on. où se lisaient dans la pierre îles histoires d’animaux fabuleux.
Le soleil y brûlait des torchons sur nos têtes.
On enjambait parfois, dès l’aube, le long fil blanc de l’horizon,
pour aller rejoindre les anciens chasseurs de lueurs, les vieux dompteurs de foudre.
…
Alors, assis auprès des grands troupeaux
d’étoiles,
nous partagions le feu de leurs serpes,
et gravions dans la pierre, à côté des leurs,
nos exploits de dénicheurs d’autour et de busaigle.
Je parle d’un pays
de dénicheurs de feu au centre de la terre,
de conjurations
de pioches et de chevaux aveugles dans la terre.
Je parle de porcs condamnés à la potence
par des tribunaux de quinze août.
Je parle de
grillades de grands chemins, d’hommes vêtus d’éteule
et d’arrière-saisons,
de rafales d’enfants sur l’eau des mares.
Les canards,
cous coupés, perdaient la tête en vol, et l’on courbait les arbres
au-dessus des rivières, et l’on ouvrait des précipices aux pieds du plus commun des mots.
C’était temps de jeunesse et de folle énergie.
Il faut ensuite se frotter à la parcimonie, apprendre, avec la mer,
à compter ses moutons.
On courait toute la journée parmi de hautes herbes où bruissait le silence, et l’on y débusquait le vent.
Tout nous était proche et lointain.
On lançait à l’assaut des arbres une jeunesse de sacs et de cordes.
On rouvrait dans la terre les plaies de vieilles guerres de religion.
On délimitait, tout près des étangs, des places de
Grève où les crapauds, chaque matin,
étaient sommés de s’assembler,
pour s’entendre lire, indéfiniment, leur arrêt de mort par lapidation.
On arbitrait parfois des joutes d’ormes et de buses.
D’autres fois,
on sonnait des hallalis de hannetons.
Comme fait l’enfant dont l’histoire est celle du vent, le prince des hautes herbes qui, le soir venu, franchit les horizons
sous la paupière d’une gazelle…
La vie, cependant,
plantait ses clôtures, alentour des prairies, et postait ses guetteurs…
La traque, le gibier, la vie…
La chasse à l’homme.
Je vous parle d’un âge entier.
C’était temps d’abordages.
On coulait des bateaux en plein cœur des forêts,
avec leurs cargaisons de bêtes fauves.
Armés de pain
blanc et de bois mort, on se lançait à l’assaut de remparts,
de bourrasques.
Les lions sortaient de sous les arbres, et on foulait aux pieds le terreau de leurs crinières.
J’évoque ici un âge flamboyant
où les plus beaux vitraux composaient
des feuillages au-dessus de nos têtes.
Les soirs d’été
étaient des cathédrales,
vouées à la lune et aux loups.
On avait, dans la tête, des musiques et des hurlements…
Musiques d’étoiles.
musiques de très hautes brumes.
Et les loups, les loups, dans les cheminées…
Plus tard, chevauchant à cru.
venait l’orage ; mais il nous trouvait prêts à ferrailler.
Et des hommes mouraient dans des tempêtes sous la terre,
la cendre de leurs regards, roulée dans le drap rouge du vent, étant alors portée jusqu’au bas des collines.
Ces hommes avaient volé
à la roche le secret du feu, ils avaient libéré l’épervier de la pierre.
Ils avaient dégagé des épaves de leur gangue de tourbe, pour en faire leurs tombes, leurs maisons,
leur façon de parler, leur façon de se taire…
On les regardait passer, sur les hauteurs du vent, lestés par le poids de leurs mains.
Et toute la terre dans leurs yeux, étincelante et blanche…
On les regardait passer, mâchonnant leurs silences comme on fourgonne un feu qu’on ne veut pas aisser s’éteindre tout à fait.
Des hommes mouraient,
et la foudre roulait dans leurs veines.
Une immense chaleur dans leurs veines, comme s’ils avaient défié les volcans.
Ces hommes avaient
défriché des forêts dans la terre, abattu des arbres de houille, ils avaient creusé les soutes de grands bateaux,
avec leurs tirants d’air, leurs tirants de terre, leurs tirants d’eau.
Et nous
grimpions aux hunes de ces bateaux pour assister, au loin, à des courses d’aurochs…
Nous présidions parfois à des sacrifices de dents de lait, à des danses rituelles pour la pluie.
D’autres fois, ayant gagné la passerelle du plus haut chant de l’alouette, nous commandions à des appareillages de froments.
…
Or nous voyions
de grands loups blancs chasser dans les yeux de ces hommes,
ces bûcherons de sous la terre.
Et nous participions aux éléments comme marins aux déhalages.
…
La terre, telle exactement qu’on la voit depuis les hautes tours du vent,
étincelante et blanche.
Nous parcourions des horizons auxquels aucun dormeur n’a jamais accosté.
Nous traversions, sous la lune,
des contrées de fièvres, et nos torches étaient de pain blanc.
Nous allions dévaster — ce n’était que question de temps — ces cités efflanquées
où la misère avait planté ses symétries.
Nos cachettes
étaient sous l’écorce des arbres, comme des souvenirs de pluie, et nous lancions des grappins de bois mort
à l’abordage des grandes verdures.
C’était temps de jeunesse et d’immense irrespect.
Notre mémoire était comme l’eau de la terre,
et nous étions aux vents ce qu’est le lierre à la muraille.
Des hommes passaient, que nous connaissions,
et nous les regardions vieillir, comme s’ils n’avaient vécu que pour le mois de mai — ô leurs chevaux endimanchés ! —,
comme si rien n’avait jamais prolongé leurs gestes que quelques projections de sable
ou quelques aboiements, au loin, de chiens errants.
Nous connaissions ces hommes, et nous les regardions passer,
lestés par le poids d’ombre
de leurs paupières.
Et dans leurs mains toute la terre, au grand galop.
Jean-Loup Fontaine
Les ombres se frottaient au store, signe de l’existence de quelques marionnettes mises en mouvement par des fils invisibles. D’un réseau de cordes qui se croisaient, pendaient des habits qui séchaient au vent brûlant de l’été. Des figurines en cire se consumaient. Ces choses vivantes se mettaient à fredonner, la mort dansait derrière la nuit.
Un minuscule humanoïde de sexe masculin fondu dans un haillon en ruine déambulait sur la planche, il était taillé, modelé d’un bois pâle et dur. Ses petits pieds chaussés de deux sandales grotesques avaient peine à toucher le sol. Une jolie poupée en polyester fardée d’une beauté d’un genre commun, une copie d’une série de mille autres identiques l’arrêta et l’embrassa sur sa bouche mal usinée. Cette vie en bois était l’œuvre d’un artisan maladroit, quelque apprenti-menuisier qui était probablement destiné à faire autre chose dans sa vie. La poupée, elle, était l’œuvre d’une machine, elle sortait d’une boîte colorée, l’œuvre d’une industrie de mensonges à multi-usage.
Certes la cire qui fondait témoignait d’un climat chaud, mais l’atmosphère était glaciale, un froid qui terrifiait le bois, la cheminée ouvrait sa gueule, l’âtre était vide, même ce baiser était aussi froid et sec, il n’avait ni goût ni odeur, il annonçait l’hiver.
La musique s’arrêta net et l’homme de bois laissant ses sandales effleurer le plancher dit sans ouvrir la bouche :
— La musique est la forme la plus abjecte de l’art, n’importe quel trou de cul peut en produire. Moi-même j’en fais !
— Ce que toi tu fais est magnifique. lui dit le polyester femelle.
— Ce que je fais est toujours magnifique, mais c’est ce que je ne fais pas qui est utile.
Les fils qui le suspendaient se desserraient, on eut dit qu’il allait s’effondrer.
— Arrête de réfléchir et viens avec moi. lui proposa la poupée.
— La réflexion est une nécessité pour certains, une passion pour d’autres, mais une chimère pour ceux qui croient réfléchir. C’est d’ailleurs leur unique sujet de réflexion. Ils pensent à penser ou à ne pas penser.
Il était complètement étiré sur le plateau. Eparpillé serait le mot juste.
— Arrête de poignarder ta jeunesse ! lui cria la poupée.
— Ma jeunesse ! Je serai à jamais jeune, il n y a pas de temps, on ne vieillit pas on s’use.
On tira les fils et il se releva (Il se ramassa).
— Viens avec moi, et on inventera le temps, on vieillira ensemble et on mourra, inventons des années, inventons l’espoir.
— Si l’espoir était un homme, son dos serait voûté, on le verrait tendre la main pour ramasser, on le verrait se prosterner devant un semblable, devant ce néant qu’on appelle par pitié pour nous-mêmes dieu, devant n’importe quoi. Il voudrait exclure le doute, il voudrait voir ce qu’il n’y a pas, créer des insanités. On aurait pitié de lui. Ce n’est pas rien la pitié, c’est un noble sentiment……………. La pitié est une horreur et non un sentiment.
— Tu dois m’aimer. reprit la poupée.
— Si l’amour est un devoir, j’irai louer la haine, si la haine devient devoir je me ferai indifférent. lui répondit l’homme de bois.
— Il n’y a rien à faire, je ne puis me taire, je dois bien jouer à être quelqu’un, c’est plus facile en bavant. J’ai pris à la vie ce qu’elle avait de mieux : la chair, de la bonne viande rouge, ou plutôt rose, je préférais la rose, sans âme et sans vertu. -Une prostituée fera l’affaire- Je m’étais dit. C’était inutile, j’étais fait de bois, j’étais la mort qui vivait dans ma sève. Je suis censé être un arbre, pas un guignol.
— Arrête de te faire des nœuds dans la tête, moi aussi je n’aime pas trop le monde, mais je ne me fais pas chier à lui lancer des flèches, se serait humiliant de s’arquer pour les ramasser.
Il y a certes des natures insondables, néanmoins le fossé qui sépare deux de ces natures peut renseigner le Spinoza sur la dimension de l’une et l’autre, non en les mettant sur une échelle mais en traversant lui-même cet abîme. L’empreinte du silence sur un visage est beaucoup plus expressive que toutes les phrases qui s’impriment sur un vulgaire papier. Le silence est la forme la plus raffinée et subtile de l’art, c’est sa forme la plus élevée. Le non dit n’est pas l’oublié, il n’est pas le non su, il n’est même pas l’indicible, Il est l’art, il est la pensée qui redoute les mots.
— Viens avec moi. lui dit le polyester femelle en posant ses lèvres sèches sur les siennes et ces dernières restèrent indifférentes à ce baiser volé.
— Tu ne vois donc pas que je suis suspendu.
— Il te suffit de dire oui, de décider de venir avec moi et tu seras libéré de ces cordes… Viens avec moi, nous traverserons les champs, nous serons heureux, nous vaincrons cette honte qui t’accable. Nous serons riches.
— Les riches de notre époque jouent au golf ou je ne sais à quels autres jeux futiles, les riches d’une certaine époque écrivaient des livres. Ce n’est pas pour dire qu’il y a une évolution dans le temps, mais pour dire que rien n’a changé. C’est toujours la même histoire. Avoir pour être. Je préfère mes cordes.
On tirait sur les fils et il se releva.
— Nous autres poupées, on court chercher les balles. C’est cela ? dit la poupée en s’éloignant.
— On est les balles, des sujets, des trucs.
— Non, les balles sont identiques, pas nous. Moi je suis une femme et tu es un homme.
— Ce n’est pas ce qui nous distingue, on est des poupées le sexe est une différence banale.
— Tu es insensible, tu es de bois, fais-moi confiance, viens avec moi, je ne pourrai bouger d’ici sans toi, j’ai besoin de toi, j’ai besoin de t’avoir pour être. Viens, viens…
Sa voix s’éteignait.
— Il est vrai que je parais insensible, c’est toi-même qui le dis, je suis de bois. Mais je peux aimer, je peux aimer cette fleur (Il n’y avait aucune fleur sur scène) et si je te le montre, si je te fais voir cet amour, tu aurais honte du tien. Tu comprendrais certainement que tu es incapable d’amour.
— Pourquoi tu ne me le montres pas ? Tu n’as rien à faire d’autre, aime-moi, il n’existe aucune autre, il n’y a que moi et toi, aime-moi. Ton attente est ridicule.
— Qu’est ce que tu en sais ?
— Il y a dans une femme ce qu’il n’y aura jamais dans un homme, un vagin. Il y a dans un homme ce qu’il n’y aura jamais dans une femme, un pénis. Il y a là le véritable sens de l’existence : baiser en attendant ton godot, ce n’est que du théâtre.
— Il n’y a dans l’existence, ce théâtre de guignol aucune intrigue, aucun style, aucun sens c’est à peine un endroit.
Epaisse chaleur
pâte air noces t’air
notre paire est aux c’yeux
et ne prie que pour nouer
Ventile
La mer déborde le rivage se fait sauvage
les peints marinent
chenal où tes seins sculptent des perchoirs pour l’écume
je me figure de proue
Aère
Là où rien à dire
l’herminette taille
de nef à l’un dit nie à las
pour son autre…
Pose ton empreinte
N-L – 20/06/18
J’ai rêvé d’impossible
pendant que ma main dessinait droite, l’image est sortie tordue sur le mur d’en face
le bleu des mots si vrai
a été affiché sali
par ce que jamais il n’a dit
Ouvrir les tiroirs du passé pour y puiser matière à se venger par pitoyable calomnie
dépasse l’atteinte à la liberté individuelle
Niala-Loisobleu – 4 Juin 2018
|
LE GRAND COMBAT
|
MA VIE Tu t’en vas sans moi, ma vie. (Extrait de « La Nuit Remue » Poésie/Gallimard) |
|