La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
Je pourrais traverser la mer à la nage
Pour un seul de tes baisers
Accrocher un hamac à deux nuages
Que le vent puisse te bercer
Je pourrais cueillir une à une les étoiles
Quitter la Terre, m’élancer
Me perdre dans l’infini sidéral
Juste après s’être embrassé
Et je suis prêt porté par le mistral
À prendre le large, à m’envoler
On s’aimera j’en suis sûr jusqu’à la fin des âges
Le seul vrai bonheur c’est d’aimer
Le seul vrai bonheur c’est d’aimer
Regarde- moi ce temps qui nous échappe des mains
hier ne se remplace jamais par demain
chaque seconde est une nouvelle arrivante
une nouvelle note que la vie nous chante
Passe à pied le pont sur la Marne rapide
vois les canards dans la lumière limpide
ce moment unique reviendra-t-il un jour
ne jamais mourir sans oser dire l’amour
Tous ces chiffres en noir sur le calendrier
Saint Prosper et Saint Barnabé
quatorzième semestre du quatrième mois
celui qui t’aimait c’était moi
C’était une minute c’était une année
c’était en automne un soleil d’été
le 38 octobre du troisième décan
mais oui tiens au fait c’était quand
Les heures qui s’écoulent nous laissant sur la braise
toutes ces pousses pendules qui filent à l’anglaise
elles veulent…
Du démantèlement des rouages parlons-en. Le système horloger à vau-l’au patouille comme en lise un jour que Beethoven pourrait s’abstenir d’écrire en se contentant d’être sourd. Au point que dans la passe scoumoune démissionner est sagesse, plutôt que multiplier les quiproquos. A vouloir aller à contresens de l’esprit de contradiction on atteint le point de non-retour. Jusqu’à défier la règle numérique du temps, je me suis blessé sauvagement le pied droit en me plantant le forêt de la perceuse qui m’a échappé. L’atelier s’en trouvant vertement mis en doute, j’arrête en me tournant vers la priorité majeure : ma santé. Immobilisé, en pompant à droite ou à gauche sur internet il y a de quoi faire présence. Comme mettre une chanson par exemple.
Le chemin verse, les questions à côté débordent et ce téléphone inconnu qui m’harcèle pendant que je dois régler les problèmes des élèves à la place d’autres, j’suis exsangue..
on était bien tous les deux à s’aimer
en responsables, tu t’en rappelles
N-L – 05/11/19
On était bien tous les deux tu t’en rappelles
Toi et moi rien d’autre au milieu sauf l’essentiel
De l’amour comme on en fait plus
Des baisers à bouche que veux-tu
Dans un corps à corps langoureux nos âmes fidèles
Tous les deux toujours tous les deux
On était bien tous les deux c’était facile
Le ciel était toujours couleur bleue indélébile
Et nous échangions silencieux
Des mots d amour avec les yeux
Les mots quand on s’aime aussi fort sont inutiles
Tous les deux toujours tous les deux
Tous les deux toujours tous les deux
On était bien tous les deux rien d’autre à faire
Que de laisser le bonheur nous remplir de sa lumière
Les nuits étaient douces et le lit défait
Le verbe aimer au plus-que-parfait
Nous avions dévoilé du plaisir tous les mystères
Tous les deux toujours tous les deux
Tous les deux toujours tous les deux
Un jour on s’ra trop vieux
Pour s’écrire des poèmes
Pour se dire que l’on s’aime
Se r’ garder dans les yeux
Tu parlais de naufrage,
D’un corps qui n’a plus d’âge
Et qui s’en va doucement
De la peur de vieillir et d’avoir à subir
L’impertinence du temps
De n’ plus pouvoir s’aimer si la mémoire s’en va
Et qu’on n’ se reconnaît plus
Et perdre me disais-tu le plaisir de me plaire
l’ envie de me séduire
Peur de la dépendance
Et de finir sa vie dans une maison de retraite
De la fin qui commence
De l’esprit qui divague
Peur de ne plus pouvoir un jour
Rire à mes blagues
Mais tout ça c’est des bêtises est-ce que tu réalises
On s’ ra jamais trop vieux
Pour s’écrire des poèmes, pour se dire que I’on s’aime
Se r’ garder dans les yeux
Et je veillerai sur toi et tu veilleras sur moi
Ce s’ ra jamais fini
On s’ dira mon amour jusqu’à la fin des jours
Et le jour et la nuit
Et le jour et la nuit
Et leur maison de retraite ça j’ te jure sur ma tête
Nous on ira jamais
On dormira dehors, on r’ gardera les étoiles
On vivra libres et dignes !
On s’ tiendra par la main comme à nos 18 ans
Qu’on marchait tous les deux sur des sentiers perdus
Au début du printemps
Et on pourra toujours raconter des bêtises
Et dire n’importe quoi
On vivra libres et dignes !
Et si l’o doit partir un jour après le dernier mot
Du tout dernier poème
On partira ensemble
Tu comprends…
On s’ ra jamais trop vieux
Pour se dire que l’on s’aime
Se r’ garder dans les yeux
On s’ ra jamais trop vieux
Pour se dire que l’on s’aime
Se r’ garder dans les yeux
Quand y’aura plus sur la terre que du beurre fondu
avec le dernier soupir du dernier disparu
dernier boum d’la dernière guerre
dernière ville sous la poussière
et dernier espoir perdu
Ce chemin vert sous les arbustes est protégé
par les premiers soupirs des tous premiers baisers
premier mot d’la première heure
première minute de bonheur
premier serment partagé
Tu t’rappelles on s’était couché
sur un millier de fourmis rouges
aucun de nous deux n’a bougé
les fourmis rouges
est-ce que quelque chose a changé
couchons-nous sur les fourmis rouges
pour voir si l’amour est resté
et voir si l’un de nous deux bouge
couchés sur les fourmis rouges
Tu n’auras jamais peur du vent qui souffle ici
pour les scorpions te fais pas d’soucis
les mauvais chagrins d’hier
les orties dans les fougères
quand on s’aime ils nous aiment aussi
Ce chemin sous les arbustes nous connaît bien
de nos tout premiers rires c’est le premier témoin
Refuge de la dernière heure
et dernière tâche de bonheur
aux premiers signes du destin
Tu t’rappelles on s’était couché
sur un millier de fourmis rouges
aucun de nous deux n’a bougé
les fourmis rouges
est-ce que quelque chose a changé
couchons-nous sur les fourmis rouges
pour voir si l’amour est resté
et voir si l’un de nous deux bouge
couchés sur les fourmis rouges
Il y a le parfum de la terre juste après le coucher de soleil, le grincement du volet le soir quand on le ferme. Il y a l’odeur des vieux livres dans la bibliothèque, une petite couleuvre dans l’ombre des capucines. Il y a une mouche prisonnière qui frappe à la vitre pour sortir, le […]
via Bruno Ruiz / Toi — Bruno Ruiz dans le désordre