Catégorie : Marguerite Duras
Marguerite Duras – L’homme atlantique – 杜拉斯 – 大西洋的男人
Pêcher
les cailles picturales
d’une sérénité sans mine de plomb
N-L – Avril 2018
CANTONNIER, S’IL TE PLAÎT ROUVRE L’EAU DANS LE CANIVEAU
CANTONNIER, S’IL TE PLAÎT ROUVRE L’EAU DANS LE CANIVEAU
L’esprit s’est trouvé dévié par de mauvais chemins. Dans un ensemble modeste, si simple, mais vrai, des plans inaptes ont tenté de laisser croire à des embellissements auxquels les moyens réels ne donnaient pas accès. Connue au départ la clarté qui les caractérise ne présentait rien qui pouvait s’opposer au vouloir mener à bien. Un escalier déroulant sa richesse en double-révolution, ça mène à l’inverse du but accessible par l’échelle de meunier initiale.
La vie que j’ai commence’ s’est présentée sous forme d’un grand fleuve navigable….pourtant ce n’était que le simple caniveau de la rue de Verneuil que nous les gosses on a fait Mékong, sans rein savoir du symbole que nous constituions à partir d’un jeu d’enfants.
Comme quoi quand on a une Marguerite quelque part on en tirera un fantastique réel
La vie avec sa langue à l’accent de poussière elle me donnait des soifs de nuits entières. Quelques bois et des cordes, avec les chiens, quand les roulottes se tapissaient aux creux des cris, l’oeil noir, entre les cuisses des carrefours, clignait de feux jamais éteints en direction de la Lumière. Que des gosses dépenaillés, sales jusqu’au blanc des dents, tiraient au bord de la rivière. Fil d’une eau claire. Les trottoirs sont au milieu des chaussées, entre les ornières, caniveaux rigoles par où le défi s’écoule.
Le palier des âges garde derrière la porte de chaque chambre des soupirs de toutes sortes sous les couvertures. La sueur froide du cauchemar infantile est sous les tapis, avec l’incapacité de courir.
Viemort
Oh ! J’ai couché
dans des draps étrangers sur la terre sur la neige.
J’ai forniqué
C’était bien. Oui
C’était bien – c’est ce que je me dis
car il est écrit dans le Livre que chaque femme doit être aimée
trois fois en trois jours
C’est alors que j’ai couché en grande hâte
trois fois en un été
ou bien tous les trois et tous les dix ans
avec ces grands hommes sentant l’homme
j’ai léché le sel sur leurs lèvres j’ai léché le sel
dans leur sang
à la place de l’eau je leur ai donné des larmes
Oh ! Je les ai choisis. Je les ai aimés. Je les ai goûtés.
Je les ai goûtés comme seule la mort
deux ou trois fois dans la vie
nous traque nous teste nous lèche nous goûte
Oh ! La limite. Les éléments purs
Je les ai eus non pas à mes pieds mais en moi
Comme seule ton autre putain mon Dieu
nous a
hommes et femmes ensemble soudain
sur la langue entre les dents dans la bouche
Comme seule ton autre putain mon Dieu
nous a
dans son utérus
et nous jette pêle-mêle hommes et femmes
dans le pré dehors dans le monde
Maria Petreu
Les cris de l’amour qui les pousse en premier ? Nos géniteurs ou notre venue au monde ? C’est ainsi, rien à faire, l’indistinct se mêlera sans cesse du début jusqu’à la fin.
Il y a dans la langue française trop de confusion possible, le sens des mots variant sans que la phonétique mette en garde, pour échapper à l’erreur de l’oreille et de l’oeil au cours de ces rencontres habitant les étages du parcours.
Toi, à qui je m’adresse d’un regard planté dans le tien, je ne peux me renier du soleil attendu que tu m’as mis au matin d’un jour qui nous a depuis sortis du quotidien. Entre ci et là, bien des mains ont tripoté mes viscères, mais pour rien faire. Sans que le monde où nous étions nés de cette unicité particulière ce soit précipité la tête la première pour hâter la rencontre et lui donner un air de mirage. Mais en nous sortant du néant, aurions -nous du dire que nous n’avions quand même que toujours de la malchance ? Je ne crois pas. L’amour terrestre veut toujours qu’on lui donne le plus beau. Mais le plus beau c’est quoi d’autre que ce que nous sommes capables d’engendrer d’abord et de mener, de pétrir, de porter, de sublimer quand la pire souffrance nous atteint au physique au moment précis où l’Absolu dont ont l’a voulu est menacé par l’ordinaire ?
C’est que certaines réalités peuvent légitimement paraître notre droit, notre vouloir vivre avant tout.
Une certaine pensée me vient pour répondre à cela: Celles et ceux qui dans leurs courts instants de pensée accordée, allongés sur la planche des dortoirs, dans le froid glacial, le corps meurtri, ne sachant pas si dès que l’aube viendrait si le crématoire, la chambre à gaz, la corde d’une potence devant les musiciens, les coups de bâton, la morsure des chiens, la maladie, l’extrême faiblesse n’en feraient pas leur dernier jour…et ils choisissaient de croire encore à la vie.
Niala-Loisobleu – 5 Avril 2018
LE CAMION – MARGUERITE DURAS
A UNE PERCHE SANS FIN
A UNE PERCHE SANS FIN
Je vois là-bas un être sans tête qui grimpe à une perche sans fin.
Tandis que je me promène, tentant de me délasser, d’atteindre ce fond de délassement qu’il est si difficile d’atteindre, qu’il est improbable, quoique ayant tellement
soupiré après, que je l’atteigne jamais, tandis que je me promène, je le sais là, je le sens, qui infatigablement (oh non il est terriblement fatigué), qui incessamment
grimpe, et s’en va grimpant sur son terrible chemin vertical.
Souvent il me paraît comme un amas de loques, où se trahissent deux bras, une sorte de jambe, et ce monstre qui devrait tomber de par sa position même (car elle n’a rien d’une
position d’équilibre) et plus encore par l’incessation de son dur exercice, grimpe toujours.
Pourtant de cette montée aussi je dois douter, car il échappe assez souvent à mon attention, à cause des soucis de toutes sortes que la vie a toujours su me présenter
et je me demande lorsque je le revois, les repères manquant complètement, s’il est plus haut ou, si loin d’avoir accompli des progrès, il ne serait pas plus bas.
Parfois je le vois comme un vrai fou, presque sans appui, grotesquement écarté le plus possible de cette perche qu’il hait peut-être et il y aurait de quoi, encore que l’espace
lui doive être plus haïssable encore.
Henri Michaux
La raison d’être fou, j’ai fini par la trouver dans l’équilibre de mon Moi respectueux et irrévérencieux. La société n’est pas franche elle est fourbe sans le moindre scrupule. Je dis les mots les plus crus avec une pudeur totale. Je n’exhibe pas une attitude de faire croire à tous les passants. Je ne me cache pas derrière mon doigts pou mettre la vérité à s place. Et pourtant je suis celui qu’on traitera de perverti, d’infréquentable, de malsain, tout sauf bourge…
Alors comment pourrais-je être autrement que lucide et fou à la fois ?
Hiroshima mon amour – Marguerite Duras
Niala-Loisobleu – 28 Mars 2018
LA MUSICA – MARGUERITE DURAS
LA MUSICA – MARGUERITE DURAS
Marguerite Duras, Aurélia Steiner Legendado
Marguerite Duras, Aurélia Steiner Legendado