La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
Madame à minuit, croyez vous qu’on veille ? Madame à minuit, croyez -vous qu’on rit ? Le vent de l’hiver me corne aux oreilles, Terre de Noël, si blanche et pareille, Si pauvre, si vieille, et si dure aussi.
Au fond de la nuit, les fermes sommeillent, Cadenas tirés sur la fleur du vin, Mais la fleur du feu y fermente et veille Comme le soleil au creux des moulins. Comme le soleil au creux des moulins.
Aux ruisseaux gelés la pierre est à fendre Par temps de froidure, il n’est plus de fous, L’heure de minuit, cette heure où l’on chante Piquera mon coeur bien mieux que le houx. Piquera mon coeur bien mieux que le houx.
J’avais des amours, des amis sans nombre Des rires tressés au ciel de l’été, Lors, me voici seul, tisonnant des ombres Le charroi d’hiver a tout emporté, Le charroi d’hiver a tout emporté.
Pourquoi ce Noël, pourquoi ces lumières, Il n’est rien venu d’autre que les pleurs, Je ne mordrai plus dans l’orange amère Et ton souvenir m’arrache le coeur. Et ton souvenir m’arrache le coeur.
Madame à minuit, croyez-vous qu’on veille ? Madame à minuit, croyez-vous qu’on rit ? Le vent de l’hiver me corne aux oreilles, Terre de Noël, si blanche et pareille, Si pauvre, si vieille, et si dure aussi.