La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
Je suis debout sur les flots aussi facilement que la
lumière, Et songe à l’intervalle miraculeux entre les vagues
et mes semelles. Je m’allonge sur le dos, moi qui ne sais même pas
nager ni faire la planche Et ne parviens pas à me mouiller. Voici des êtres qui viennent à moi Appuyés sur des béquilles aquatiques et levant les
paumes; Mais ils meurent crachant l’écume par leur bouche
devenue immense. Je reste seul et, dans ma joie,
Je m’enfante plusieurs fois de suite solennellement,
Ivre d’avoir goûté autant de fois à la mort
Je vais, je viens, les mains dans mes poches sèches
comme le Sahara. Tout ceci est à moi et les domaines qui palpitent
là-dessous. Oserai-je prendre un peu de cette eau pour voir
comment elle est faite? Ce sera pour un autre jour. Contentons-nous de marcher sur la mer comme
autour d’une poésie. Au fond de ma lorgnette je ne vois plus du bateau Que mes trente bâtards qui s’agitent à bord singulièrement. Dans le miroir de ma cabine et en travers J’ai laissé mon image au milieu de la nuit avant que
je tourne le commutateur. Elle se réveille en sursaut, brise la glace comme celle
d’un avertisseur d’incendie Et se met à me chercher. La poitrine très velue du Commandant éprouve
qu’il manque quelqu’un Et la sirène beugle toute seule Comme une vache qui a faim. Prenant la mer un peu à l’écart Je lui fais signe d’entrer ruisselante dans l’entonnoir
de mon esprit : « Viens, il y a place pour toi, Viens aujourd’hui il y a de la place. J’en fais le serment tête nue Pour que le vent de l’ouest sur mon front reconnaisse
que je dis la vérité ». Mais la mer proteste de son innocence
Et dit qu’on l’accuse témérairement Elle ne répond pas à la question.
Et cependant les noyés attendent que leur tour
vienne. Leur tour de quoi? Leur tour de n’importe quoi. Ils attendent sans oser entr’ouvrir leurs paupières
écumeuses De peur que ce ne soit pas encore le moment, Et qu’il faille continuer à mourir comme jusqu’à
présent Cette chose qui les a frôlés, qu’estxe que c’est? Est-ce une algue marine ou la queue d’un poisson
qui s’égare au fond de lui-même? C’est bien autre chose. Il est des anges sous-marin» qui n’ont jamais vu
la face bouleversée de Dieu. Es rôdent et sans le savoir Lancent la foudre divine.
Ce soir assis sur le rebord du crépuscule
Et les pieds balancés au-dessus des vague»,
Je regarderai descendre la nuit : elle se croira toute
seule. Et mon cœur me dira : fais de moi quelque chose, Ne suis-je plus ton cœur ?
Je cours derrière un enfant qui se retourne en riant,
Est-ce celui que je fus,
Un ruisseau de ma mémoire
Reflétant un ciel confus ?
Je reconnais mal aujourd’hui et j’aurais peur de mes mains
Comme d’ombres ennemies.
Mon angoisse agrippe l’air
Qui nous tâte aveuglément
Pour voir si nos cœurs sont vivants.
Tamarins et peupliers autour de nom ont compris
Qu’il s’agissait d’une course
Plus profonde que la vie.
Us se mettent à nous suivre, jeunes racines, au vent,
Avec le lierre et la grille,
La façade du logis,
L’haleine de la rivière;
Un cheval, une brebis.
Camarades de fortune, O figurants de la route, Savez-vous où nous allons Loin de l’humaine saison Derrière un enfant qui joue A tirer du cœur de l’homme Ciel et terre, nuit et jour.
Nous avançons vers la mer qui ne peut plus aujourd’hui
Mettre fin à notre fuite.
Notre cœur se fait salin dessous la fable des eaux
Et l’enfant qui nous précède s’échappe encor en riant,
Pose les pieds sur les roses maritimes des coraux.
Nous touchons le fond obscur près d’un boqueteau marin
Où les poissons de couleur jouent aux oiseaux du
latin, D’autres ondulent aveugles remorquant les féeries De quelque poète noyé Qui croit encore à la vie.
Compagnons d’un autre monde Pris vivants dans votre rêve Je vous regarde au travers D’une mémoire mouillée Mais douce encore à porter, Je vais clandestinement Du passé à l’avenir Parmi la vigne marine Qui éloigne le présent.
Nous nous enlisons réduits
A une nuit sans espace,
A des couches d’ossements,
Affres de la géologie.
Crânes, crânes souterrains,
Nous ferez-vous de la place,
Glaçons de l’éternité
Gèlerez-vous nos jarrets?
Que fais-tu là diplodocus
Avec tes os longs et têtus
A vouloir pousser dans le siècle
Le reproche de ton squelette?
Le mouvement est défendu
A ton vertige répandu,
Dans le creux de la mort quiète
N’essaie pas de bouger la tête.
C’est le centre chaud du monde, c’est le vieux noyau des âges.
Mais alors d’où vient ce ciel dévoré par les nuages? Ah! je ne puis voyager qu’avec tous mes souvenirs,
Trop fidèle ce bagage bien que parfois il me suive,
lacéré par des panthères, A des distances de songe.
Je te reconnais, sainte Blandine, au milieu du cirque attendant le taureau qui doit t’envoyer au ciel,
Dans l’arène on entend encore une cigale romaine.
Et Charles VI devenu fou enlève son casque et attaque sa propre escorte,
A son front deux veines se gonflent, ses narines tremblent entre la vie et la mort,
Et l’on voit perler à ses joues la chaleur de treize
cent quatre vingt-douze, Et voici Jeanne qui me voit par-dessus sa selle ouvragée A travers tout le murmure et les âmes de son armée Et veut m’enfermer d’un sourire dans la courbe de
ses soldats.
Où mon chemin parmi ces hommes Et ces femmes qui me font signe? Parmi ces forçats de l’histoire. Ces muets se poussant du coude Qui me regardent respirer Disant dans leur langue sans voix :
« Quel est celui-là qui s’avance Avec sa face de vivant Et même au fond noir de la terre Vient nous soumettre son visage Où se reflète le passage Incessant d’oiseaux de la mer? »
Tout proches semblent leur regards Bien qu’il leur faille escalader Cent et cent rugueuses années Avant de se fixer en moi. Mais les ans tombent à nos pieds. Monceaux de fleurs d’un cerisier Secoué par la main d’un dieu Qui nous regarde entre les branches.
Personnages privés de voix, Pourquoi vous éloigner de moi? Reines de France à mon secours!
Passez-le-vous de main en main L’enfant qui cherche son chemin A travers les morts, vers le jour 1
Préservez ses joues délicates Et que ses cils aux longues pointes Aillent toujours le précédant Avec leurs légers mouvements.
J’ai peur de songer à ma lace Où le regard de tant de morts Appuya ses pinceaux précis. Est-ce le jour et la surface?
Est-ce bien toi, envers du monde, Sourire faux des antipodes? Et vous oiseaux de la terre, Et vous oiseaux de la lune Qui Jui faites son halo?
O lumière de jour, lumière d’aujourd’hui, C’est ton fils qui revient éclaboussé de nuit.
Alentour le soleil brille : je suis dans un cône d’ombre, Mes vêtements ont vieilli de plus de six cents années, Le ciel lui-même est usé qui sous mes yeux s’effiloche Et voici des anges morts dans leurs ailes étonnées.
Il ne reste que l’oubli Sur la planète immobile, De l’oubli à ras de terre Empêchant toute chaumière, L’herbe même de pousser
Et le jour d’être le jour. L’alouette en l’air est morte Ne sachant comme l’on tombe.
Et vous, mes mains, saurez-vous Toucher encor mes paupières, Mon visage, mes genoux? Sortant du fond de la Terre Suis-je différent des pierres.
Dans un monde clos et clair
Sans océan ni rivières,
Une nef cherche la mer
De l’étrave qui résiste
Mal aux caresses de l’air,
Elle avance sur l’horreur
De demeurer immobile
Sans que sa voile fragile
En tire un peu de bonheur.
Ses flancs ne sont pas mouillés
Par l’eau saline impossible
Et les dauphins familiers
Lentement imaginés
Ne le prennent pas pour cible.
Son équipage figé
Attend le long de la lisse
Que l’océan se déclare
Et que l’heure soit propice.
Si l’on regarde de près
Chaque marin tour à tour
On voit d’année en année
Que chacun de ces visages,
Mieux que s’ils étaient de pierre,
Ne vieillit pas d’un seul jour.
J’enfonce les bras levés vers le centre de la
Terre
Mais je respire, j’ai toujours un sac de ciel sur la
tête
Même au fort des souterrains
Qui ne savent rien du jour.
Je m’écorche à des couches d’ossements
Qui voudraient me tatouer les jambes pour me
reconnaître un jour.
J’insulte un squelette d’iguanodon, en travers de
mon passage,
Mes paroles font grenaille sur la canaille de ses os
Et je cherche à lui tirer ses oreilles introuvables
Pour qu’il ne barre plus la route
Mille siècles après sa mort
Avec le vaisseau de son squelette qui lait nuit de
toutes parts.
Ma colère prend sur moi une avance circulaire,
Elle déblaie le terrain, canonne les profondeurs.
Je hume des formes humaines à de petites distances
Courtes, courtes.
J’y suis.
Il n’y a plus rien ici de grand ni de petit, de liquide
ni de solide,
De corporel ni d’incorporel;
Et l’on jette aussi bien au feu une rivière, où saute
un saumon, et qui traversait l’Amérique,
Qu’un brouillard sur la
Seine que franchissent les
orgues tumultueuses de
Notre-Dame.
Voici les hautes statues de marbre qui lèvent l’index
avant de mourir.
Un grand vent gauche, essoufflé, tourne sans trouver
une issue.
Que fait-il au fond de la
Terre?
Est-ce le vent des
suicidés?
Quel est mon chemin parmi ces milliers de chemins
qui se disputent à mes pieds
Un honneur que je devine?
Peut-on demander sa route à des hommes considérés comme morts
Et parlant avec un accent qui ressemble à celui
du silence.
Centre de la
Terre! je suis un homme vivant.
Ces empereurs, ces rois, ces premiers ministres, entendez-les qui me font leurs offres de service
Parce que je trafique à la surface avec les étoiles et
la lumière du jour.
J’ai le beau rôle avec les morts, les mortes et les
mortillons.
Je leur dis : «
Voyez-moi ce cœur,
Comme il bat dans ma poitrine et m’inonde de
chaleur!
Il me fait un toit de chaume où grésille le soleil.
Approchez-vous pour l’entendre.
Vous en avez eu
un pareil.
N’ayez pas peur.
Nous sommes ici dans l’intimité
infernale ».
Autour de moi, certains se poussent du coude,
Prétendent que j’ai l’éternité devant moi,
Que je puis bien rester une petite minute,
Que je ne serais pas là si je n’étais mort moi-même.
Pour toute réponse je repars
Puisqu’on m’attend toujours merveilleusement à
l’autre bout du monde.
Mon cœur bourdonne, c’est une montre dont les
aiguilles se hâtent comme les électrons
Et seul peut l’arrêter le regard de
Dieu quand il
pénètre dans le mécanisme.
Air pur, air des oiseaux, air bleu de la surface,
Voici
Jésus qui s’avance pour maçonner la voûte
du ciel.
La terre en passant frôle ses pieds avec les forêts les
plus douces.
Depuis deux mille ans il l’a quittée pour visiter
d’autres sphères,
Chaque
Terre s’imagine être son unique maîtresse
Et prépare des guirlandes nuptiales de martyrs.
Jésus réveille en passant des astres morts qu’il secoue,
Comme des soldats profondément endormis,
Et les astres de tourner religieusement dans le ciel
En suppliant le
Christ de tourner avec eux.
Mais lui repart, les pieds nus sur une aérienne
Judée,
Et nombreux restent les astres prosternés
Dans la sidérale poussière.
Jésus, pourquoi te montrer si je ne crois pas encore?
Mon regard serait-il en avance sur mon âme?
Je ne suis pas homme à faire toujours les demandes
et les réponses!
Holà, muchachos!
J’entends crier des vivants dans
des arbres chevelus,
Ces vivants sont mes enfants, échappés radieux de
ma moelle!
Un cheval m’attend attaché à un eucalyptus des
pampas,
Il est temps que je rattrape son hennissement dans
l’air dur,
Dans l’air qui a ses rochers, mais je suis seul à les voir!
Paroares, rolliers, calandres, ramphocèles,
Vives flammes, oiseaux arrachés au soleil,
Dispersez, dispersez, dispersez le cruel
Sommeil qui va saisir mes mentales prunelles!
Fringilles, est-ce vous, euphones, est-ce vous,
Qui viendrez émouvoir de rémiges lumières
Cette torpeur qui veut se croire coutumière
Et qui renonce au jour n’en sachant plus le goût?
Libre, je veux enfin dépasser l’heure étale,
Voir le ciel délirer sous une effusion
D’hirondelles criant mille autres horizons,
Vivre, enfin rassuré, ma douceur cérébrale.
S’il le faut, pour briser des tristesses durcies,
Je hélerai, du seuil des secrètes forêts,
Un vol haché de verts et rouges perroquets
Qui feront éclater mon âme en éclaircies.
Les chiens fauves du soleil couchant harcelaient les
[vaches
Innombrables dans la plaine creusée d’âpres
[mouvements,
Mais tous les poils se brouillèrent sous le hâtif
[crépuscule.
Un cavalier occupait la pampa dans son milieu
Comme un morceau d’avenir assiégé de toutes parts.
Ses regards au loin roulaient sur cette plaine de chair
Raboteuse comme après quelque tremblement de
[terre.
Et les vaches ourdissaient un silence violent,
Tapis noir en équilibre sur la pointe de leurs cornes,
Mais tout d’un coup fustigées par une averse d’étoiles
Elles bondissaient fuyant dans un galop de travers,
Leurs cruels yeux de fer rouge incendiant l’herbe
sèche,
Et leurs queues les poursuivant, les mordant comme
[des diables,
Puis s’arrêtaient et tournaient toutes leurs têtes
[horribles
Vers l’homme immobile et droit sur son cheval bien
[forgé.
Parfois un taureau sans bruit se séparait de la masse
Fonçant sur le cavalier du poids de sa tête basse.
Lui, l’arrêtait avec les deux lances de son regard
Faisant tomber le taureau à genoux, puis de côté,
Les yeux crevés, un sang jeune alarmant sa longue bave
Et les cornes inutiles près des courtes pattes mortes.
Cependant mille moutons usés par les clairs de lune
Disparaissaient dans la nuit décocheuse de hiboux.
L’horizon déménageait sa fixité hors d’usage
Que les troupeaux éperdus avaient crevé mille fois.
Précédant d’obscurs chevaux lourds de boue de l’an
[dernier
Des étalons galopaient, les naseaux dans l’inconnu,
Arrachant au sol nocturne de résonnantes splendeurs.
La pampa se descellait, lâchant ses plaines de cuivre,
Ses réserves de désert qui s’entre-choquaient,
[cymbales!
Ses lieues carrées de maïs, brûlant de flammes internes,
Et ses aigles voyageurs qui dévoraient les étoiles,
Ses hauts moulins de métal, aux tournantes
[marguerites,
Ames-fleurs en quarantaine mal délivrées de leurs
[corps
Et luttant pour s’exhaler entre la terre et le ciel.
Sur des landes triturées tout le jour par le soleil
Passaient des cactus crispés dans leur gêne végétale,
Des chardons comme des christs abandonnés aux
[épines,
Et des ronces qui cherchaient d’autres ronces pour
[mourir.
Puis un grêle accordéon de ses longs doigts musicaux
Toucha l’homme et ses ténèbres dans la zone de son
[cœur.
Alors laissant là les vaches, la nuit épaisse de souffles
Qui s’obsrinaient à durcir, l’homme entra dans le
[rancho
Où le foyer consumait de la bouse desséchée.
A ras du sol lentement il allongea son corps maigre
Et son âme par la nuit encore toute empierrée
Auprès de ses compagnons renversés dans un
[sommeil
Où les anges n’entrent pas et qui tenaient bien en
[mains leurs rauques chevaux osseux sur la piste de leurs
Elle est tendue en arrière
Et le regard même arqué,
Elle souffle sur le fleuve
Comme pour le supprimer.
Ces planches jointes qui flottent
Est-ce fait pour une vache
Colorée par l’herbe haute,
Aimant à mêler son ombre
A l’ombre de la forêt?
Sur la boue vive elle glisse
Et tombe pattes en l’air.
Alors vite on les attache
Et l’on en fait un bouquet,
On en fait un bouquet âpre
D’une lanière noué,
Tandis qu’on tire sa queue,
Refuge de volonté;
Puis on traîne dans la barque
Ce sac essoufflé à cornes,
Aux yeux noirs coupés de blanche
Angoisse par le milieu.
Çà et là dans le canot
La vache quittait la terre;
Dans le petit jour glissant,
Les pagayeurs pagayèrent.
Aux flancs noirs du paquebot
Qui sécrète du destin,
Le canot enfin s’amarre.
A une haute poulie
On attache par les pattes
La vache qu’on n’oublie pas,
Harcelée par cent regards
Qui la piquent comme taons.
Puis l’on hisse par degrés
L’animal presque à l’envers,
Le ventre plein d’infortune,
La corne prise un instant
Entre barque et paquebot
Craquant comme une noix sèche.
Sur le pont voici la vache
Suspectée par un bœuf noir
Immobile dans un coin
Qu’il clôture de sa bouse.
Près de lui elle s’affale
Une corne sur l’oreille
Et voudrait se redresser,
Mais son arrière-train glisse
De soi-même abandonné,
Et n’ayant à ruminer
Que le pont tondu à ras
Elle attend le lendemain.
Tout le jour le bœuf lécha
Un sac troué de farine;
La vache le voyait bien.
Vint enfin le lendemain
Avec son pis plein de peines.
Près du bœuf qui regardait,
Luisaient au soleil nouveau,
Entre des morceaux de jour,
Seuls deux grands quartiers de
Côtes vues par le dedans.
La tête écorcbée mauvaise,
De dix rouges différents,
Près d’un cœur de boucherie,
Et, formant un petit tas,
Le cuir loin de tout le reste,
Douloureux d’indépendance,
Fumant à maigres bouffées.
La chaleur descendue en dessous de zéro, monte. Les rues sans bonnets toussent portes closes, brrrr les affiches décollent la goutte au nez des murs. Qu’il fait froid au café, au pouce, on ne voit plus le moindre couple d’un canard couper la rivière en dérive. La désinformation peine à tisonner sous la cendre, un ersatz de braise, d’ici à ce que le rédacteur du courrier du coeur infarctuse il n’y a qu’un tout petit fusible.
Nocturne en plein jour
Quand dorment les soleils sous nos humbles manteaux
Dans l’univers obscur qui forme notre corps,
Les nerfs qui voient en nous ce que nos yeux ignorent
Nous précèdent au fond de notre chair plus lente,
Ils peuplent nos lointains de leurs herbes luisantes
Arrachant à la chair de tremblantes aurores.
C’est le monde où l’espace est fait de notre sang.
Des oiseaux teints de rouge et toujours renaissants
Ont du mal à voler près du cœur qui les mène
Et ne peuvent s’en éloigner qu’en périssant
Car c’est en nous que sont les plus cruelles plaines
Où l’on périt de soif près de fausses Fontaines.
Et nous allons ainsi, parmi les autres hommes,
Les uns parlant parfois à l’oreille des autres.
Jules Supervielle (Extrait de La fable du monde)
Les 29 coups ont sonnés derrière ton entretien de la moto et de l’arbre mon vieux Coluche. Malédiction ou bon choix ? On se demande si t’aurais pas eu la prémonition angoissante du visionnaire de l’à venir de la machine infernale à broyer dans laquelle tu s’rais corps et bien passé…aspiré par un rire se retournant contre son auteur ? L’ire au nid, couve. L’indécence sort du chapeau.
Mais dam, un pet foireux, dans cette absurde comédie, pourquoi pas, on est pas à un dessous merdeux près.Au point que je pense que ça permet au fromager de laisser croire qu’il est aux manettes. Curieux cette façon d’être partout sauf à bord du France, pour diriger le pays. A moins que ce nom ait été repeint sur l’épave du Titanic ? (*)
J’ai gardé ma fenêtre ouverte, m’aime si dehors y a que du froid, de l’absence et de l’ingratitude, la chaleur qui sort de chez moi vaut mieux que des bonnes paroles.
Niala-Loisobleu – 28 Novembre 2013
Hollande était aux manettes quand j’avais écrit cet article. Je m’étais pas trompé en pensant à l’époque, qu’avec lui on pouvait aller qu’au pire. Maintenant on a Jupiter…ouah, à nous, on coule à pique !
On écrase l’humain au point de ne plus lui laisser le minimum de conscience de la place où il est. Il divague, éreinté d’avoir nagé sans voir la côte approcher. La fatigue du désemparé va bien au-delà du physique. Le bulbe paralysé gèle tous les organes. Mais heureusement il ne perd rien de son âme. Il a juste du mal à vivre avec dans ce foutoir de pressoir de merde.