La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
Catégorie : je pleure sans raison que je pourrais vous dire
Que de de raisons de pleurer cette merveille prémonitoire me donne
A Marguerite te voilà jointe à Jeanne
Quand j’y suis allé la première fois dans les années 50, Vienne était encore occupée par les Alliés, la grande-roue au Prater me tourna en zone russe alors interdite
Oui cette chanson est un des signes les plus anciens qui explique…
Aller à Vienne, plus possible. De Shanghai à Bangkok sur une coque de noix, encore moins. À Nantes oui, peut-être — et encore. Il y faut une raison impérieuse.
Quelque chose s’est abattu sur nous. C’est tout.
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Barbara (1930-1997) • Vienne. Barbara, paroles ; Barbara & Roland Romanelli, musique. Barbara, chant, piano. Extrait de l’émission de télévision Le grand échiquier. Jacques Chancel, producteur ; André Flédérick, réalisateur. Première diffusion : mercredi 9 mai 1973. Production : France, ORTF (Office de radiodiffusion-télévision française), 1973.
L’élégant Marco Oliveira (né en 1988) s’est fait connaître très jeune comme fadiste, s’accompagnant lui-même à la guitare, son instrument de prédilection, accompagnant à l’occasion d’autres fadistes tels que Hélder Moutinho ou Ricardo Ribeiro. Son répertoire et son style de chant dépassent cependant largement le fado. En voici un exemple avec cette chanson de l’auteur-compositeur-interprète espagnol Amancio Prada (né en 1949).
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Marco Oliveira | Tengo en el pecho una jaula. Amancio Prada, paroles & musique. Marco Oliveira, chant & piano. Enregistré sur un piano Schiedmayer du début du XXe siècle. Vidéo : Marco Oliveira, réalisation. Portugal, ℗ 2020.
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Tengo en el pecho una jaula, en la jaula dentro un pájaro. El pájaro lleva dentro del pecho un niño cantando en una jaula lo que yo canto.
Dans la poitrine j’ai une cage, Dans cette cage un oiseau. L’oiseau porte dans sa poitrine un enfant qui chante dans une cage ce que je chante.
El viento quisiera ser. El viento que pasa y deja un paisaje estremecido en tus ojos y en el oído el eco. El eco de una voz que viene de muy lejos y muy dentro de ti te canta que eres tú también el viento cuando pasa.
Je voudrais être le vent. Le vent qui passe et qui laisse dans tes yeux un paysage tremblant et dans tes oreilles un écho. L’écho d’une voix qui vient de très loin et qui, au plus profond de toi, te chante que toi aussi, tu es le vent qui passe.
Tengo en el pecho una jaula…
Dans la poitrine j’ai une cage…
La noche quisiera ser. La noche que con agujas de cristal teje tus sueños y el delirio que te enciende* cuando más sola estás y nada esperas, contigo a solas soñando el negro sauce** de la noche que te envuelve.
Je voudrais être la nuit. La nuit qui, avec des aiguilles de cristal tisse tes rêves et le délire qui t’embrase* quand tu es au comble de la solitude et que tu n’attends rien, seule avec toi qui rêve le saule** noir de la nuit qui t’enveloppe.
Tengo en el pecho una jaula…
Dans la poitrine j’ai une cage…
La lluvia quisiera ser. La lluvia mansa que cae como un rumor de manzanas en el desván de tu infancia lejos… Y las primas jugando a casa casa Para el ardor del alma la lluvia fresca en el valle del silencio.
J’aimerais être la pluie. La douce pluie qui tombe comme un bruit de pommes au loin, dans le grenier de ton enfance… Et tes cousines qui jouent à petite maison Pour la brûlure de l’âme, la pluie fraîche dans la vallée du silence.
Pero tengo en el pecho una jaula, en la jaula dentro un pájaro, el pájaro lleva dentro del pecho un niño cantando Tengo en el pecho una jaula, en la jaula dentro un pájaro, el pájaro lleva dentro del pecho un niño cantando, en una jaula, lo que yo canto.
Mais dans la poitrine j’ai une cage, Dans cette cage un oiseau. L’oiseau porte dans sa poitrine un enfant qui chante. Dans la poitrine j’ai une cage, Dans cette cage un oiseau. L’oiseau porte dans sa poitrine un enfant qui chante dans une cage ce que je chante.
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Amancio Prada (né en 1949). Tengo en el pecho una jaula (1988). *Chanté : envuelve (« enveloppe ») **Chanté : manto (« manteau ») .
Amancio Prada (né en 1949). Dans la poitrine j’ai une cage. Traduit par L. & L. de Tengo en el pecho una jaula (1988). *Chanté : envuelve (« enveloppe ») **Chanté : manto (« manteau »)
Comme toujours palpitant quand tu me ramènes à la grande vague hispano-portugaise « JE PLEURE SANS RAISON QUE JE POURRAIS VOUS DIRE »…
Florelle éternelle Les Sables-d’Olonne Vendée. La Chaume: FLORELLE éternelle
FLORELE : « A LA BELLE ETOILE »
À la belle étoile (1935) est la première d’une longue série de chansons délicieuses, parmi lesquelles plusieurs chefs d’œuvre (Les feuilles mortes, Les enfants qui s’aiment,…), composées par Joseph Kosma sur des poèmes de Jacques Prévert.
Joseph Kosma (1905-1969) – Kozma József de son nom de naissance –, compositeur juif hongrois, né à Budapest, s’installe à Paris en 1933 après un séjour de plusieurs années à Berlin dont l’atmosphère est devenue irrespirable. D’abord contraint d’accepter des petits boulots, il fréquente les studios de cinéma pour tenter de s’y faire engager. C’est là que, début 1935, il rencontre Jacques Prévert (1900-1977) qui est, quant à lui, bien introduit dans ce milieu. Prévert lui propose deux poèmes, dont À la belle étoile, qu’il met en musique. Aucun chanteur n’en veut, mais Prévert montre la chanson à Jean Renoir, qui, en octobre et novembre de cette même année, tourne Le crime de Monsieur Lange. À la belle étoile plaît à Renoir, à qui il manque précisément pour son film une chanson destinée au personnage de Valentine Cardès, joué par Florelle (1898-1974), chanteuse et actrice de théâtre et de cinéma très active entre les deux guerres.
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Le Crime de monsieur Lange (1936). Extrait. Jean Renoir, réalisation ; Jacques Prévert & Jean Renoir, scénario ; Jacques Prévert, dialogues ; René Lefèvre (Amédée Lange) ; Jules Berry (Paul Batala) ; Florelle (Valentine Cardès) ; Nadia Sibirskaïa (Estelle)…, acteurs ; Jean Wiener & Joseph Kosma, musique. Production : France, Films Obéron, 1936. Sortie : France, 1936. Chanson : Florelle (1898-1974) • À la belle étoile. Jacques Prévert, paroles ; Joseph Kosma, musique. Florelle, chant ; accompagnement d’orchestre ; Roger Désormière, direction. France, ℗ 1936.
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Boulevard de la Chapelle où passe le métro aérien Il y a des filles très belles et beaucoup de vauriens Des clochards affamés s’endorment sur les bancs Et de vieilles poupées font encore le tapin à soixante-cinq ans.
Au jour le jour À la nuit la nuit À la belle étoile C’est comme ça que je vis Où est-elle l’étoile Moi je n’l’ai jamais vue Pourtant la nuit je traîne Dans les quartiers perdus Au jour le jour À la nuit la nuit À la belle étoile C’est comme ça que je vis C’est une drôle d’étoile, C’est une triste vie. Jacques Prévert (1900-1977). À la belle étoile (1935). Version chantée dans le film Le crime de monsieur Lange (1936), de Jean Renoir.
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Florelle, dans Le crime de Monsieur Lange, ne chante qu’un seul des couplets du poème de Prévert. En 1951 Juliette Gréco publie une version plus longue de À la belle étoile, à laquelle manque toutefois le dernier couplet du poème – et aussi, je trouve, le charme de l’interprétation de Florelle.
1933 …Label étoile
c’est le moins que je puisse dire
de ma chapelle
Jacques et Joseph la constellation
de mon année !
Merci « Je pleure sans raison que je pourrais vous dire »…
« Je pleure sans raison que je pourrais vous dire, c’est comme une peine qui me traverse, il faut bien que quelqu’un pleure, c’est comme si c’était moi. » M. D.
Σωτηρία Μπέλλου [Sotiría Béllou] • Αντιλαλούνε τα βουνά [Antilaloúne ta vouná]
30 AOÛT 2020
tags: Antilaloúne ta vouná, Eftychía Papagiannopoúlou, Αντιλαλούνε τα βουνά, Βασίλης Τσιτσάνης, Ευτυχία Παπαγιαννοπούλου, Σωτηρία Μπέλλου, Sotiría Béllou, Vassílis Tsitsánis
Septembre est désormais inéluctable. Mais la voix puissante et singulière de Sotiría Béllou (1921-1997) est là pour conjurer cette rentrée qui s’avance. Αντιλαλούνε τα βουνά [Antilaloúne ta vouná] (« Les montagnes me font écho ») est un rebétiko de Vassílīs Tsitsánīs.
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Σωτηρία Μπέλλου [Sotiría Béllou] (1921-1997) • Αντιλαλούνε τα βουνά [Antilaloúne ta vouná]. Βασίλης Τσιτσάνης [Vassílīs Tsitsánīs], paroles et musique. Paroles parfois attribuées à Ευτυχία Παπαγιαννοπούλου [Eftychía Papagiannopoúlou].
Σωτηρία Μπέλλου [Sotiría Béllou], chant ; Σούλα Δάκη [Soúla Dákī], deuxième voix ; instrumentistes innommés.
Vidéo : ΕΡΤ [ERT] (Ελληνική Ραδιοφωνία Τηλεόραση, [Ellinikí Radiofonía Tileórasi]), production. Grèce, date inconnue.
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Αντιλαλούνε τα βουνά,
σαν κλαίω εγώ τα δειλινά
περνούν οι ώρες θλιβερές
σ’ ένα παλιό ρολόι
κι εγώ τους αναστεναγμούς
τους παίζω κομπολόι
Les montagnes me font écho
Le soir lorsque je pleure
Les heures sombres s’écoulent
Sur une horloge fatiguée
Et j’égrène mes soupirs
Comme sur un chapelet.
Αντιλαλούνε τα βουνά,
σαν κλαίω εγώ τα δειλινά
Les montagnes me font écho
Le soir lorsque je pleure.
Στενάζω απ’ τις λαβωματιές
κι απ’ τις δικές σου μαχαιριές
λαβωματιές με γέμισες
και μ’ έφαγαν οι πόνοι
και στη φωτιά που μ’ έριξες,
τίποτα δε με σώνει
Je gémis sous tes blessures
Sous tes coups de poignard
Je ne suis plus que blessure
Éperdue de douleur
Et de cette fournaise où tu m’as jetée
Nul ne peut me sauver.
Αντιλαλούνε τα βουνά,
σαν κλαίω εγώ τα δειλινά
Les montagnes me font écho
Le soir lorsque je pleure.
Εμπάφιασ’ απ’ τα ντέρτια μου
κι απ’ τα πολλά σεκλέτια μου
κουράγιο είχα στη ζωή,
μα τώρα που σε χάνω
θα είναι προτιμότερο για μένα να
πεθάνω
Je n’en peux plus de ma souffrance
Ni de mes tourments infinis
J’avais foi en la vie
Mais puisque je te perds
Il ne me reste
Qu’à mourir.