Catégorie : Boris Vian
LA MUE MARS ET Y’AISE

LA MUE MARS ET Y’AISE
Au cheval broutant la prochaine lame atlantique, le fond de l’arbre déglutit la parure d’une coupe de saison
Prévert est en guérite, assurant la garde, on se passera d’un Rembrandt pour la Ronde de Nuit
L’accordéon ça minaude pas, c’est franco de pores, jupe fendue plus que le nécessaire attendu d’une posture yoga
Juliette tu vas perdre ta crinière, restera l’os, une putain de moelle de dents
Quand pris de quinte j’irai à la Rhumerie ce sera pour répondre à l’appel et venir tremper Quai Malaquais, la fanfare, le Boris et Sartre en succession de Michèle, Castor l’aqueux bien trempé, sans doute à l’Ecluse, Barbara dans la grande équinoxe d’automne
Rue Bonaparte, mon art colle, la mue Mars et y’aise !
Niala-Loisobleu – 11 Octobre 2020
ENTRE TIEN EMOI 128

ENTRE TIEN EMOI 128
Pour peindre et pas finir le dernier tableau je le mets dans la suite avec la peinture du jour
Juliette pourrait y mettre le nez d’avant
sa sensualité resterait sans que l’araignée lui ait bouffé
sa robe noire dans la loge on prend les parvis de l’église St-Germain-des-Prés pour scène
J’ai le sentiment d’avoir traîné tard en faisant durer
tu sais comme quand le plancher veut pas fermer et qu’il vous colle aux pieds en faisant glisser la chanson
T’as les seins qui veulent encore tourner
En sortant du Tabou, j’ai laissé les années à la garde de Boris.
Niala-Loisobleu – 27 Septembre 2020
A VERSE

A VERSE
Une vendange à la ramasse
court à la montée du rire
pour blanchir un ciel de corps beaux
Avec des sonneurs de cloches à chaque tube des grandes orgues
Notre-Dame rivée à l’oeil
astro-nomme
Comme à déboule de Bonaparte quand on remontaient sa rue en fanfare en sortant des Beaux-Arts
du Sartre plein la marguerite
et du poil à peindre de ton ventre
Rions le temps qui reste en s’aimant d’un pont – à l’autre bateaux-mouches
le noir illuminé d’un fond de cave sans tabous
J’ai envie
en vie de toi nature et sans eau-courante
juste avec un vasistas-soleil à deux pas de la Seine.
Niala-Loisobleu – 24 Septembre 2020
LES MINES AUX TORTS A RAISON 2
LES MINES AUX TORTS A RAISON 2
Déjà décidé à rétablir la vérité, j’entrais à l’Ecole convaincre l’Académie que le bleu c’était pas une couleur froide. Toi tu démontrais ta parfaite connaissance de Marguerite. Ce qui montra immédiatement combien notre communauté solaire n’était pas une de ces idées qu’on se glisse dans la tête. D’ailleurs la tête, mis à part tes passages toro, ça a jamais été notre lieu de prédilection
Pendant que tu montais le podium, je traînais S’-Germain-des-Prés comme une seconde nature, une même femme en tête de liste dans nos agendas, Barbara qu’à s’appelle toujours, j’y suis passé le premier par son Ecluse. Une vraie forge de Vulcain qui m’a amené à fréquenter des gens très recommandables, Ferré, Brassens, Brel, Reggiani, Bertin et des quantités d’autres, l’Epoque là était pas radine en beauté. Sans compter que le Tabou comme fournisseur c’était haut de gamme. Boris était une sacrée sphère à lui tout seul. Juju avant de se faire refaire le nez avait mis sur la place son né fabuleux, un tablier de sapeur qui lui valut le titre de Miss Vice. Imagines, le vice d’alors comparé à celui d’aujourd’hui
On aimait bien la Rose Rouge aussi. C’était un lieu d’acteurs cinéma et théâtre le fréquentait
Puis clou du spectacle, Char, Camus, Eluard, Breton, le Surréalisme, Sartre, Le Castor, Aragon, Prévert, Cocteau, Picasso, et d’autres comme nourriture difficile de faire mieux
Nos nuit à la Rhumerie et au Babylone ont des oreillers neufs, ont dormait pas
La Ruche, en plein Giacometti, Chagall…
Rien que de voir passer ce tant là, je comprends ta rage à vouloir pas en être écartée. L’amour est fondé en ces lieux
C’est mon Paname au complet réunissant le passé au présent, Montmartre et Montparnasse avant la grande débacle
Et vinrent les années de guerre…
Niala-Loisobleu – 25 Mars 2020
JE MOURRAI D’UN CANCER DE LA COLONNE VERTÉBRALE
JE
MOURRAI D’UN CANCER
DE LA
COLONNE VERTÉBRALE
Je mourrai d’un cancer de la colonne vertébrale
Ça sera par un soir horrible
Clair, chaud, parfumé, sensuel
Je mourrai d’un pourrissement
De certaines cellules peu connues
Je mourrai d’une jambe arrachée
Par un rat géant jailli d’un trou géant
Je mourrai de cent coupures
Le ciel sera tombé sur moi
Ça se brise comme une vitre lourde
Je mourrai d’un éclat de voix
Crevant mes oreilles
Je mourrai de blessures sourdes
Infligées à deux heures du matin
Par des tueurs indécis et chauves
Je mourrai sans m’apercevoir
Que je meurs, je mourrai
Enseveli sous les ruines sèches
De mille mètres de coton écroulé
Je mourrai noyé dans l’huile de vidange
Foulé aux pieds par des bêtes indifférentes
Et, juste après, par des bêtes différentes
Je mourrai nu, ou vêtu de toile rouge
Ou cousu dans un sac avec des lames de rasoir
Je mourrai peut-être sans m’en faire
Du vernis à ongles aux doigts de pied
Et des larmes plein les mains
Et des larmes plein les mains
Je mourrai quand on décollera
Mes paupières sous un soleil enragé
Quand on me dira lentement
Des méchancetés à l’oreille
Je mourrai de voir torturer des enfants
Et des hommes étonnés et blêmes
Je mourrai rongé vivant
Par des vers, je mourrai les
Mains attachées sous une cascade
Je mourrai brûlé dans un incendie triste
Je mourrai un peu, beaucoup,
Sans passion, mais avec intérêt
Et puis quand tout sera fini
Je mourrai.
Boris Vian