La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
Ne tuons pas la beauté du monde Ne tuons pas la beauté du monde Ne tuons pas la beauté du monde Chaque fleur, chaque arbre que l’on tue Revient nous tuer à son tour Ne tuons pas la beauté du monde Ne tuons pas le chant des oiseaux Ne tuons pas le bleu du jour Ne tuons pas la beauté du monde Ne tuons pas la beauté du monde Ne tuons pas la beauté du monde La dernière chance de la terre C’est maintenant qu’elle se joue Ne tuons pas la beauté du monde Faisons de la terre un grand jardin Pour ceux qui viendront après nous Après nous Ne tuons pas la beauté du monde La dernière chance de la terre C’est maintenant qu’elle se joue Ne tuons pas la beauté du monde Faisons de la terre un grand jardin Pour ceux qui viendront après nous Après nous
J’as les yeux d’arrière temps de forêts de mas qui alpillent, que pas un poil de ma barbe (neuf d’une poussée récente), n’est hors de la proue.
J’aime pas parler de moi J’aime pas les compliments
Alors aujourd’hui si je suis content c’est parce que rétrospectivement me r’voilà à Paris en 1954
Ma première expo
Et coule la scène
quai de Verneuil
rase paille mon Parno
regarde toujours devant mon Alain
Des ports fument d’estomac tordus
des trous aux semelles des rues des bosses aux front de la bataille
des regards accusateurs on a pas idée d’avoir pas entré aux PTT
la bohême c’est que de l’art ménien
bah c’est plus courageux que la banque route
C’est tout là avec des giclées de sang plein les yeux
pas facile de laisser des amours au bord de la route
pour ne suivre que le seul qui soit que d’amour plein
Vous connaissez Niala ? Alors, accourez voir « D’hier à aujourd’hui », l’exposition rétrospective autour de l’oeuvre de l’artiste : vous serez surpris. Vous découvrirez le cheminement d’ Alain vers Niala, le parcours d’un peintre amoureux de la vie et de son pays. Vous partagerez sa traversée sensuelle et dramatique d’événements qui ont fait ou bousculé son quotidien – et parfois le nôtre – ces quarante dernières années. Mais surtout, vous approcherez avec bonheur le parcours poétique d’un artiste ancré dans la réalité, vivant près de chez nous, collectionné à l’étranger et que l’on connaît à peine …
Alain Oulman – Cecilia Mereiles • Eu não tinha (Retrato)
« Je pleure sans raison que je pourrais vous dire, c’est comme une peine qui me traverse, il faut bien que quelqu’un pleure, c’est comme si c’était moi. » M. D.
Eu não tinha este rosto de hoje, assim calmo, assim triste, assim magro, nem estes olhos tão vazios, nem o lábio amargo. […] — Em que espelho ficou perdida a minha face? Cecília Meireles (1901-1964). Retrato, extrait du recueil Viagem (1939).
Je n’avais pas ce visage d’aujourd’hui, aussi calme, aussi triste, aussi maigre, ni ces yeux tellement vides, ni cette lèvre amère. […] — Dans quel miroir s’est égaré mon visage ?
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Alain Oulman (1928-1990) • Eu não tinha (Retrato). Poème de Cecília Meireles ; Alain Oulman, musique. Alain Oulman, chant & piano. Enregistré au domicile d’Amália Rodrigues, Lisbonne, 1970. Extrait de l’album Ensaios : 1970 / Amália Rodrigues. Portugal : Valentim de Carvalho, ℗ 2020.
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Quel dommage qu’Alain Oulman (1928-1990) ait eu besoin d’Amália Rodrigues pour chanter ses compositions ! On l’entend dans cet enregistrement exceptionnel, la voix est fragile, timide, réduite à l’os, comme murmurée sur la Lune, dans le blanc de la silice et de la pierre ponce, sous un ciel noir inerte. Mais l’interprétation est d’une justesse poignante, rendant ce Eu não tinha (« Je n’avais pas ») déchirant. La captation a été réalisée en 1970 sur un simple magnétophone, à Lisbonne, rue de São Bento, dans la maison jaune d’Amália, à qui il présentait cette nouvelle composition en s’accompagnant au piano. Il ne cherche pas à « chanter » vraiment, juste à donner une idée de ce qui pourrait devenir un fado.
Le poème est de Cecília Meireles (1901-1964), née et morte à Rio de Janeiro, et se nomme en réalité Retrato (« Portrait »). D’elle, sur des musiques d’Alain Oulman, Amália a déjà enregistré en 1969 Naufrágio (« Naufrage ») et As mãos que trago (« Ces mains que j’ai »), parus sur l’album Com que voz (1970). Nul doute qu’elle transfigurerait Eu não tinha. Mais on ne sait pas, on ne connaît pas, on n’a aucune trace d’un quelconque enregistrement d’elle chantant ce fado-là, pas même une répétition, un premier tâtonnement, rien. Du moins rien n’est-il disponible actuellement.
Cet enregistrement est publié dans un double album étonnant, publié aujourd’hui 11 décembre, intitulé Ensaios 1970 (« Répétitions 1970 »), qui rassemble des captations de séances de travail d’Amália Rodrigues, réalisées soit en studio soit au domicile de la chanteuse, ainsi que des séries de prises successives en studio (jusqu’à 10 versions pour Rosa vermelha !). On y trouve aussi plusieurs plages — parmi lesquelles Eu não tinha — consacrées à Alain Oulman présentant de nouvelles compositions et, parfois, les faisant répéter pour la première fois à Amália. L’entreprise paraît risquée, mais ce matin, quelques heures après son lancement, l’album était déjà en rupture de stock sur le site de la Fnac portugaise.
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Eu não tinha este rosto de hoje, assim calmo, assim triste, assim magro, nem estes olhos tão vazios, nem o lábio amargo.
Je n’avais pas ce visage d’aujourd’hui, aussi calme, aussi triste, aussi maigre, ni ces yeux tellement vides, ni cette lèvre amère.
Eu não tinha estas mãos sem força, tão paradas e frias e mortas; eu não tinha este coração que nem se mostra.
Je n’avais pas ces mains sans force, si inertes, froides et mortes ; je n’avais pas ce cœur qui n’ose se montrer.
Eu não dei por esta mudança, tão simples, tão certa, tão fácil: — Em que espelho ficou perdida a minha face?
Je n’ai pas vu s’accomplir ce changement, si simple, si assuré, si facile : — Dans quel miroir s’est égaré mon visage ?
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Cecília Meireles (1901-1964). Retrato, extrait du recueil Viagem (1939).
Cecília Meireles (1901-1964). Portrait, traduit de Retrato, extrait du recueil Viagem (1939), par L. & L.
……Oui bien dommage d’avoir eu besoin d’Amalia Rodrigues pour chanter ses chansons
Voilà qui m’oblige à faire une exception et à la mettre pour un fado, chose que je ne fais jamais.
Non pas qu’elle n’en soit pas une des meilleures interprètes, mais parce que son rapport avec la dictature passe devant son talent….D’ailleurs la Révolution des Oeillets n’a pas manqué de le faire ressortir….Une raison majeure de pleurer avec raison. Merci Camarade !
De tout temps j’ai aimé sur un chemin de terre la proximité d’un filet d’eau tombé du ciel qui vient et va se chassant seul et la tendre gaucherie de l’herbe médiane qu’une charge de pierres arrête comme un revers obscur met fin à la pensée.