La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
petite écuyère de Chagall tournant sur ses pointes
Pendant que le do tourné, passe un nuage, le soleil se remet Barbara en platine « Quand reviendras-tu ? » dit la voix off aussitôt abattue par sa plus belle histoire d’amour c’est vous
Sans se recoiffer le triangle des Bermudes remet l’avion dans sa culotte
et le pilote dans le droit chemin du pays bleu
Un rabbin tire le chandelier à sept-branches du pinceau et l’allume, Marc dit ça Vava
Je sors les seins balles de la veste et m’embauche chez peint d’air pour jouer avec les ours dans la parade à la loyale
Le chien noir montre qu’à son âge on peut en corps avoir du caractère
La banalité de l’époque voudrait paraître qu’elle ne se montrerait pas mieux. D’où la poussée d’un essentiel se passant d’efforts. Ne rien chercher. Laisser venir pour garder l’âme des choses. Et sortir des états creux de situations vides. Les propositions se faisant admiratives ne sont destinées qu’à faire reluire le donateur. Cesser aussi de faire paraître ce qui a vu jour dans un désir d’enfant à deux. Le voyeurisme entaché par son dédain de l’intime. Depuis NOUS en début d’année plus de 60 témoins ont succédé à la barre. Le jardin est riche d’un état d’absolu qui l’appelle au secret afin de n’être pas gaspillé
Tu écris à l’imprimé du tableau, je peux te voir par le déboutonné de la veste
Ta chaise remue, bat des pieds, chauffe du coussin
De mon côté dans ce no man’s land qui précède l’expo le pinceau a la tête à l’envers et le chevalet reste attaché à l’anneau
Pourtant sous l’averse la mer chantonne, on voit les gabiers à quai et les filets qui sont en tas avec les bouées de marquage. La file des curieux fait le tour du phare, on n’y voit rien en plein jour
Je flotte dans la pensée d’un autre voyage, tu t’approches d’un temps d’arrêt attendu. De la musique en cours nous avons éteint Vianney comme une contre-référence
Où est la Bande à Bertin, compagnons de ma jeunesse
Laetitia, l’horreur, fait chaque jour la couverture, l’idole s’est pris entièrement le terrain
A part tes seins, ce qui tombe rien ne relève la flamme chaude de l’arbre en automne
La pierre pompe de l’eau de quoi tenir les vessies hors des lanternes, ma poète quand au bout des bras j’accrocherais les Eaux-Neuves de cette Epoque, la douleur aux reins me fera sourire comme quand tu me dis de venir à toi
Les labours appellent en corps des boeufs à l’attelage
le cheval auprès de la porte dessine des fleurs pour couper le barreau des cages
J’ai la langue à la mangeoire comme un itinéraire en trace
La discipline de notre vannerie aidant, la clôture est de tresse morale. Ma, toi tu sais au naturel qu’habiter ensemble pour raison d’amour ne s’exhibe sous aucun prétexte. Les murs peuvent être la grande toile de tes seins en vol, la végétation luxuriante de ton amazonie fertile, la chute de tes reins sur deux rochers en sable blanc d’un inviolable bord de mer transparent, eaux limpides en caresses d’une innocence permissive dévoilant le cru des laves. Tout comme dans les plongées sous-marines mon périscope monte à ta vue. L’arbre est soie, la menthe à large feuille , les tomates à chien et le gibbon une des parades de l’aube. Entendez les effusions volatiles comme le souffle clair d’une respiration sans encombres asthmatiques. La Closerie n’est pas un club échangiste qui ferait vitrine pour sa promotion.
L’âme du poète couvre tout, autour de ses chemins surréalistes sortant des terres incultes, à l’écart des déserts médiocres. Les Citées Enfouies sont à l’inverse des Titanic des lieux vivants et non des épaves à musique et table du commandant vacante.. Il faut aborder la Légende pour sa Traversée. Ses joies comme ses souffrances, puisque l’un dépend complètement de l’autre.
Le Beau ne peut être caché
Cela n’entend pas qu’on puisse le piétiner à loisir avec ses sabots boueux.
Où te chercherai-je
Si je n’ai la clef
Des mille serrures ?
Sous la mer qui bat
Comme un cœur dément
Ou bien dans l’écume amère des nuits ?
Comme une racine
Qui surgit des vagues
J’aurai cru parfois
Pouvoir te saisir
Mais le souvenir
De nouveau s’efface
Sous l’eau la plus vide.
Il me restera
De croire au matin
Contre tout espoir
D’être cet enfant
Qui apprend à vivre
Et qui tient sa lampe
Comme une fleur triste
Battue dans le vent.
Hélène Cadou
Est-il un matin que l’on a bordé la veille, qui malgré nous, ne peux se tordre le pied en se levant , Non. Chaque existence trouve thérapie dans l’échange. Donner ne doit pas pour autant devenir synonyme de prendre.
Celui qui entre par hasard dans la demeure d'un poète
Ne sait pas que les meubles ont pouvoir sur lui
Que chaque nœud du bois renferme davantage
De cris d'oiseaux que tout le cœur de la forêt
II suffit qu'une lampe pose son cou de femme
A la tombée du soir contre un angle verni
Pour délivrer soudain mille peuples d'abeilles
Et l'odeur de pain frais des cerisiers fleuris
Car tel est le bonheur de cette solitude
Qu'une caresse toute plate de la main
Redonne à ces grands meubles noirs et taciturnes
La légèreté d'un arbre dans le matin.
René Guy Cadou
Toi
Dans une tour de soleil
Toi
Dans la terre
Avec mes ongles retournés
Toi
N'en déplaise aux loups
Qui cernent mon sommeil
Toi
Dans la mer
A la pelure fraîche lavée
Avec les mille doigts du bonheur
Avec le fuseau des heures enlacées
Avec les continents à la dérive
Toi
Dans la chambre où je veille
Épaule contre ma joue
Fougère qui parle dans les vitres
Arbre du sang qui me dessine
Toi
A plein coeur à pleine voix
Toi
Dans les souvenirs à venir
Pour l'enfant que nous n'avons pas.