Jour : 2 juillet 2019
LA CHUTE
LA CHUTE
Cette nuit dans laquelle nous tombons
pareils à de longues larmes disparates
ne sera-t-elle jamais assez épaisse pour ralentir cette descente
glu noire marne sanglante que parfois liquéfient des volcans
d’intensité multipliée par les grondements les battements d’ailes
hors de la bouche livide dont les ruisseaux de pierre mesurent l’effort
fait pour contenir ce cataclysme dans des limites à peu près souriantes
semblables aux jambages passionnés qu’inscrit l’index humide et doux d’un vampire ou d’une reine
sur les cartouches
les papyrus de poudre noire sèche dure
de la mort?
Ici
ce ne sont plus des yeux de filles
des doigts énamourés mais l’air
qui comme une bière lourde se prolonge
en mousse opaque malgré les rues mangées de lueurs
Grande lépreuse de lumière tu te promènes accompagnée du cliquetis de tes ongles et tes colliers s’agitent comme les fruits de phosphore de l’arbre qu’à grands coups
les
Fils du
Vent font trembler puis se déraciner
L’Univers est un orgue aux tuyaux qui s’éraillent dans cette église monstrueuse bâtie par les truelles de
la folie sans même une franc-maçonnerie pour unir les visages par des signes inconnus mais qui pourraient transparaître parfois comme les couches souterraines que
révèle la coupure des ravins
Ses tubes d’acier sont ravinés et s’amollissent
détestables entrailles
canaux sordides entrelaçant leur labyrinthe
aux trajectoires des fusées à peine incandescentes
que lâchent des prêtres à soutanes déchirées au fond de caveaux pleins de boue
Les viscères sont moins noirs perdus au ventre d’un cheval
que ce bouquet de tiges funestes plus creuses que le sureau
Us sont moins sales et forment un moins ignoble carnaval
mais ô ma douce lèpre que ne cueilles-tu leurs rameaux ?
Tu te ferais ainsi un beau diadème sonore une couronne perlée de mots
Il est vrai que tu n’as pas besoin de cette tiare animale
Tu es trop souterraine pour cela et trop hallucinée par les seuls vrais émaux
ceux de tes pas ma jolie lèpre
plus sûrs que toutes les paroles et les incantations magiques
Michel Leiris
FOND DE JARDIN
FOND DE JARDIN
Ces murs d’herbes gardent au frais l’absence arrogante des fleurs délavées
confié à leurs parfums d’arômes forestiers ton corps s’embaume
On vit un enfant se blottir dans le bassin de sa mère
un petit-bateau au doux nom de fille est à quai
Sur leurs échasses de longs becs puisaient par l’école de signes – le sémaphore corrigeait l’épreuve
La claire proche baille l’huître sans détartrer la coquille qui carrosse le chemin du marais. Sous l’aisselle du buisson fluvial j’ai posé la dernière algue à reproduire. Lâche pas ta barque j’entends venir l’éclusier.
Niala-Loisobleu – 03/07/19
MYSTIQUE AUTRE CHAMBRE
A l’horizon de l’autre musique je vois Barbara sans besoin d’étiquette riant au nu du rosier grimpant
L’autre côté des portes
Dépassement atteint
Mon encre de Chine bave en bulles sur le tapis-volant
Sampan de chemise
Les majorettes ont levé la jambe
Le tambour-major avale sa canne
On voit à l’intérieur du mystère
Eclairé par une reconnaissance non exhaustive du possible
Je t’ai
Permis
De dire
La vision de nos choses
Tu n’écris plus Barbara tu es le réel
ce que le tableau dévoile à nos sens
L’accès à l’Autre Chambre
Niala-Loisobleu – 02/07/19