La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
C’est du sang, pas de la grêle, ce qui fouette mes tempes. Ce sont deux années de sang : ce sont deux inondations. Sang d’acte solaire, tu viens dévorante, jusqu’à laisser déserts et étranglés les balcons
Sang, qui est le plus précieux de tous les biens précieux. Sang, qui thésaurisait pour l’amour ses dons. Regardez-le troubler les mers, faire sauter les trains décourageant les taureaux là où il encouragea les lions.
Le temps est sang. Le temps circule dans mes veines. Et face à l’horloge et au temps je me sens plus que blessé, et j’entends une collision de sangs de toutes les dimensions.
Sang dans lequel la mort peut à peine se baigner : éclat émouvant qui n’a point pâli, parce que l’ont recueilli mes yeux millénaires.
Amollissant la dureté du marbre par la veine de ton pouls
nimbée d’une éternelle blancheur
bleutée
Tu passes couleur papillon
tendue entre le temps enfui et le jour né
sans que le bois des branches craque sous les pas du vent
et que la tige sépare la fleur
du mouvement du lotus
Furtive
évanescente
résonnante
vibrante
d’un certain silence
que les oiseaux gardent
en remuant les ailes d’un mouvement de plume trempée dans l’encrier de ta bouche où se retressent les vocales de ta voix. Chant d’amour ceint par le fleuve où tes seins saules pleurent gonflés d’espoir