LE JARDIN MAGIQUE
… Puis ces mouches, cette sorte de mouches, et le dernier étage du jardin… On appelle. J’irai… Je parle dans l’estime.
— Sinon l’enfance, qu’y avait-il alors qu’il n’y a plus ?
Plaines ! Pentes ! Il y
avait plus d’ordre ! Et tout n’était que règnes et confins de lueurs. Et l’ombre et la lumière alors étaient plus près d’être une même chose… Je parle d’une estime… Aux lisières le fruit
pouvait choir
sans que la joie pourrît au rebord de nos lèvres.
Et les hommes remuaient plus d’ombre avec une bouche plus grave, les femmes plus de songe avec des bras plus lents.
… Croissent mes membres, et pèsent, nourris d’âge ! Je ne connaîtrai plus qu’aucun lieu de moulins et de cannes, pour le songe des enfants, fût en eaux vives et chantantes ainsi distribué… À droite
on rentrait le café, à gauche le manioc
(ô toiles que l’on plie, ô choses élogieuses !)
Et par ici étaient les chevaux bien marqués, les mulets au poil ras, et par là-bas les bœufs ;
ici les fouets, et là le cri de l’oiseau AnnaôHapax, mot qu’on ne rencontre qu’une seule fois dans la langue. – et là encore la blessure des cannes au moulin.
Et un nuage
violet et jaune, couleur d’icaque
Une prune (fruit de l’icaquier)., s’il s’arrêtait soudain à couronner le volcan d’or,
appelait-par-leur-nom, du fond des cases,
les servantes !
Sinon l’enfance, qu’y avait-il alors qu’il n’y a plus ?… »
Saint-John Perse
(Extrait d’Éloges 1911)
Ah mon Jardin, tu me tires en corps du mal extérieur ! Tes arbres aromatiques sur les pierres à réchauffer les espoirs fous, me sauvent d’un moment de torture. Mais il faut bien rentrer de tant à autres au « vrai monde » comme ils disent, pour jouir de l’Absolu.
Mais le choc de tous ces glapissements, le faux-bois des vrais cercueils et le faux-marbre des journaleux, dur dur. M’aime blindé, j’succombe pas à cette manière d’utiliser tout et son contraire pour faire passer la pilule. En touchant l’arbre d’amour, de la langue qui le boit, des couleurs sont montées au grenier et sortant le cerf-volant de la malle à rias, m’ont emmené remonter l’estuaire. D’en haut, cette vulve ouverte sur la mer m’a donné envie de faire un enfant. J’ai peint, libre de moi.
Estuaire, naissance du monde où l’algue se laisse bercer par le flus et le reflux qui huile et oint tout à la fois. Vertige qui depuis la nuit des temps nous traverse sans commandements.
Je ne suis qu’amour de vivre, ouvert et combatif, de négation déclarée à l’impossible. Et alors, oui Môssieur, j’assume mon rêve en entretenant mon jardin magique.
Je rentre de cabane, séchant la larme d’un retroussé de manches pour la remettre debout sur ses jambes.
Niala-Loisobleu – 25 Février 2017
La force de tes mains tire sa sève de ton jardin enchanté, où les arbres ouvrent leurs corolles rassurantes comme des bras, pour abriter les graines d’amour qui germent de toute part.
¸¸.•*¨*• ☆
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CRIBLE
Plus il comprend, plus il souffre. Plus il sait, plus il est déchiré. Mais sa lucidité est à la mesure de son chagrin et sa ténacité à celle de son
désespoir.
Le désir ne sème ni ne moissonne, ne succède qu’à lui et n’appartient qu’à lui. Il se désigne cependant comme le créancier absolu.
Jeunes, à la minute, vous seuls savez dire la vérité, en dessiner l’initial, l’imprévoyant sourire.
On ne contourne pas, on passe. On croit passer, on touche au terme. L’étendue de futur dont le cœur s’entourait s’est repliée.
Un murmure d’amour, un murmure de haine. Il ne se dérobait pas, s’enfonçant dans le dédale et l’invisibilité d’une âpre pauvreté, d’un secret martial, pour ne plus
les entendre.
Paresseusement s’effaçait de la corniche du toit la fable d’enfance de l’hirondelle successive.
René Char
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saint-john-perse, la bonne lecture! De plus que l’enfance, il y a nos os qui grognent et notre mémoire qui bruisse et faribole encore mieux qu’en enfance 🙂
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Et l’image des os qui grognent est pour moi d’une force qui colle telle l’identique à ma pensée0
Un grand merci carnets paresseux.
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C’est moi qui te remercie, l’Oiseaubleau (derrière, on entend le grognement de mes os grincheux)
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L’abnégation
En hommage aux patriotes de Lybie
Chacun pour soi et Dieu pour tous, nous a-t-on dit.
On aspire au bonheur, dès lors, on se protège,
On flaire le danger, on évite les pièges.
À ses dépens, parfois, chacun a bien compris.
Certains, plutôt nombreux, ne pensent qu’à eux-mêmes,
Se servant les premiers, ils prennent le meilleur,
Parfois plus qu’ils ne faut, et sans honte d’ailleurs.
Ils ne sont soucieux que de leurs seuls problèmes.
Mais la plupart des gens, ne sont pas égoïstes.
Ils écoutent les cris, les appels au secours.
Ils se mettent en peine et cherchent des recours.
Ils désirent être utiles et, de leur mieux, assistent.
En ces temps bien nouveaux d’appétits et de vices,
Il est fort émouvant de constater soudain,
Que dans l’abnégation, et l’effort surhumain,
Des patriotes ardents s’offrent en sacrifice.
L’abnégation n’est pas la négation de soi.
C’est un élan du coeur, qui est irrépressible.
Elle naît d’un besoin, repoussant l’impossible,
Et d’un impératif: faire ce que l’on doit.
Suzanne Whalter-Sik Sou – 25 août 2011
Merci Audrey.
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Comprendre et s’en parler seul c’est se rejoindre deux.
Merci Jean-Claude.
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À l’estuaire est remontée l’eau qui coule maintenant salée des yeux…
Elles lavent le cœur des souillures de ces cochons qui profanent les sanctuaires d’amour 💙
Le vent qui chante en caressant la chevelure des arbres raconte les rêves immortels des Zoizos de paradis 💙
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J’ai ma peine si accrochée que je me sens des ans parés, incapable, sauf de me demander si cela va cesser où revenir encore. Une horde sauvage ratisse le secteur sans coup férir et réitère comme par plaisir, laissant le maintien de l’ordre incapable….
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Un mauvais d’angoisse accroché à la paisibilité des lieux, vol d’un prédateur en embuscade.
Merci isoptech.
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vol d’un prédateur en embuscade.ces mots sont terribles l’oiseau..trop vrais!
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Déstabilisé, je flotte, un goût qui s’éloigne…
Merci Marguerite.
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Merci Marguerite.
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Loisobleu voyageur du cœur, chercheur d’absolu, démarreur au quart de tour, recommenceur à zéro… Il n’est pas né, le crétin qui va diluer tes couleurs!
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Merci, merci La Baladine, tu me fais chaud au coeur, au moment où précisément après nouvel assaut des vandales, j’avais quelque peu le moral dans les chaussettes. Il faut que le coup ait été très dur car j’en ai pris de sévères, qui ne m’avaient pas porté un effet comparable ce coup d’pied-d’âne…
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Merci de nous ouvrir ton jardin magique. Que les petites graines que tu sèmes volent très loin 🙂
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La nature a la force de brandir le printemps. J’ai besoin de me sentir à l’amble avec elle.
Merci, Elisa.
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